Richement illustré, le catalogue de l’exposition Pierrick Sorin, Faire bonne(s) figure(s), présentée du 19 avril au 1er septembre 2024 au Musée d’arts de Nantes, donne un aperçu condensé de l’œuvre de cet artiste. Depuis sa sortie de l’école des beaux-arts de Nantes, à la toute fin des années 1980, Pierrick Sorin explore l’art vidéo, sous diverses formes : courts-métrages, installations, et surtout dispositifs à effet holographique, dont le comique de situation et l’inventivité ont fait sa notoriété. Parmi la vingtaine de pièces présentées dans l’exposition, la majorité ont été créées ces dix dernières années, éclairées par quelques vidéos plus anciennes et prolongées par une œuvre inédite.
L’entretien avec Pierrick Sorin, mené par la commissaire de l’exposition Katell Jaffrès, aborde en profondeur son travail artistique. L’artiste revient sur l’essence de son œuvre, cite ses références et influences et explique la volonté fondatrice de rompre la distance avec le public en rendant visibles ses techniques de fabrication. Car, dans ses petites installations comme dans les opéras qu’il a mis en scène, personne n’est dupe des jeux d’échelles et des fonds bleus, de même que l’artiste reste reconnaissable quel que soit son personnage. Pour autant, le burlesque et la dérision font toujours leur effet…
Jacinto Lageira, critique d’art et spécialiste en esthétique, analyse quant à lui dans son texte l’œuvre de Pierrick Sorin sous un angle plus philosophique. Reprenant les notions de « Je-ne-sais-quoi » et de « Presque-rien » théorisées par Vladimir Jankélévitch et chères à l’artiste, il dessine son « chemin de crête », entre fiction et réalité, art et pastiche, ludique et sérieux. Puisque dans l’art contemporain presque tout peut faire art, constate l’auteur, le contenu des saynètes auxquelles nous assistons nous mène finalement à une lancinante question : quand y a-t-il art ? C’est ce à quoi réfléchit le personnage de laveur de vitres de Peindre et nettoyer, ou la volonté à l’œuvre, vidéo en triptyque dont les passages clés sont visibles dans ce catalogue. Cette œuvre, créée pour l’exposition, est largement abordée dans l’entretien avec l’artiste, pour qui elle symbolise l’intention artistique. En manipulant éponges, raclettes et pots de peinture, le personnage oscille entre intuitions de formes et efficacité de nettoyage, déployant une nouvelle fois l’esprit de sérieux avec lequel Pierrick Sorin explore la légèreté de l’existence.
Pascaline Vallée
Type d'ouvrage
Catalogue d'expositionPrix
25Auteur(s)
Sous la direction de Katell JaffrèsImpression
Broché rabats64 pages couleur / 60 images