Publié à l’occasion de l’exposition Hypnose au Musée d’arts de Nantes, ce catalogue bilingue est consacré à l’installation monumentale de Tony Oursler pour la Chapelle de l’Oratoire. Ce contrepoint contemporain achevait le parcours historique conçu par l’historien de l’art Pascal Rousseau au sous-sol du Cube, du magnétisme animal du 18e siècle aux performances de Matt Mullican initiées dans les années 1970. L’ouvrage reproduit une cinquantaine d’illustrations extraites des vidéo-projections de l’artiste new-yorkais, références visuelles confuses rejouées par des performers dans des mises en scène burlesques, ainsi que plusieurs archives tirées des 2500 documents de sa collection personnelle. Elles sont accompagnées de notices consacrées à son répertoire iconographique (Lit de Charcot, Machine à tisser des flux aériens…), sans toutefois clarifier la limite entre la réalité et la fiction. Le catalogue s’ouvre sur un essai de Jeffrey Sconce qui souligne les usages de l’hypnose par les médias : transmission, projection, envoûtement… outil de manipulation des masses ? L’auteur tente de retracer les allers-retours opérés par l’artiste, du mesmérisme animal à la pratique de l’hypnose par Charcot pour provoquer les crises hystériques, en passant par la phrénologie et la reconnaissance faciale. Sa réflexion alterne les références historiques (les médias comme prolongement du « système nerveux », selon M. McLuhan, par exemple), et les considérations d’ordre général sur l’usage des réseaux sociaux et du Big Data, citant malheureusement trop peu ses sources. Enfin, à la place du traditionnel entretien, l’édition se conclut par la retranscription de la séance d’hypnose à laquelle Tony Oursler s’est livré par Internet, façon de réinscrire le travail dans la la mythologie personnelle de l’artiste : télévision dissimulant une pièce secrète dans le salon familial, mais surtout étrange rencontre à l’âge de 3 ans avec une marionnette manipulée par son grand-père magicien…
Ilan Michel