« Le Musée d’arts de Nantes et le Musée Fabre ont coproduit l’exposition United States of Abstraction : Artistes américains en France, 1946-1964 réalisé sous le commissariat de Claire Lebossé, Sophie Lévy et Maud Marron-Wojewodzki. Cet événement […] se traduit plus particulièrement par une relecture de ce contexte d’émulation créatrice en prenant désormais en compte l’apport d’artistes étrangers, fortement présents dans la capitale, attirés par sa forte aura internationale, et la présence accrue d’un marché de l’art et d’une critique qui ont joué des rôles actifs. Les commissaires ont souhaité proposer une nouvelle lecture de la présence américaine à Paris après 1945 en centrant leur propos sur « trois constellations artistiques » de peintres américains appartenant à l’abstraction – expressionniste, géométrique et informelle – et qui ont dépassé les rivalités nationales tout en échouant à nouer des dialogues réussis avec le monde de l’art parisien. […] Les quatre historiennes de l’art […] ont chacune contribué pour l’occasion à cet ouvrage avec des essais inédits et passionnants : Catherine Dossin développe une analyse de l’état du marché de l’art transatlantique durant les années 1950, tandis que Guitemie Maldonado aborde le rôle majeur du critique d’art Michel Tapié dans la promotion de la création américaine en dialogue avec l’art français tout en révélant les limites de ses théories sur « l’art autre ». Molly Warnock, quant à elle, porte son regard sur les œuvres produites par cette communauté d’artistes américains (Jean-Paul Riopelle, Joan Mitchell, Sam Francis, etc.) plus ou moins rattachés à l’expressionnisme abstrait. Melanie Rachael Arauz revient sur le cercle d’artistes franco-américains proches de l’abstraction géométrique (Ellsworth Kelly, Robert Breer, François Morellet) qui ont contribué au développement d’une « œuvre ouverte » par l’intégration du hasard et de la participation dans le processus de création, actant de fait une redéfinition des limites de l’art qui annonce le virage des années 1960.»
Pierre Ruault, revue Critique d’art