Après plusieurs années de travail discret, Manon Tricoire est bien décidée à réapparaître. Engagée dans l’enseignement à l’École d’art du Choletais depuis 10 ans, en tant que mère de jeunes enfants et auprès de son conjoint plasticien, l’artiste fait de la polyactivité un défi toujours recommencé. Depuis 2017, elle s’investit dans les réflexions du Pôle arts visuels : « quel nouveau modèle peut-on construire ensemble ? » demande cette jeune femme au regard vif derrière ses lunettes rondes. Pour elle, « le Pôle permet de sortir de son pré carré et de trouver des solutions à plusieurs ». C’est aussi l’opportunité de dépasser le simple constat pour enclencher des actions avec un vrai souci du statut et de la rémunération. Depuis sa sortie de l’Ecole des beaux-arts d’Angers en 2001, elle a produit avec irrégularité sans atelier, voyagé au gré des résidences en pensant le petit format, rencontré la défiance à l’encontre des plasticiens, les rouages de la commande publique (Espace Culturel Senghor, May-sur-Èvre, 49, 2007) … Passant d’un médium à l’autre comme un jeu d’enfant, l’artiste explore la porosité entre 2ème et 3ème dimensions, renoue intuitivement avec une parenté surréaliste, élabore des dispositifs de présentation proches du conte, de la magie. Aujourd’hui, après avoir pratiqué le ponçage sur papier jusqu’à la disparition, elle souhaite prolonger son travail de céramique. Bientôt un four, et un désir de participer à des projets collectifs sur le long terme. « Un artiste a besoin d’être soutenu, d’être accompagné, et l’humain manque parfois ». Pour Manon Tricoire, le groupe permet de créer les conditions favorables à la production et de s’affranchir des contraintes de rentabilité. « La création ne doit pas être soumise au pragmatisme : elle est inhérente à sa sensibilité ».
Ilan Michel