« Quand on les(1) regarde pour la première fois, certains dessins se détachent de l’ensemble d’œuvres méconnues que présente cet ouvrage consacré aux dessins d’Alan Fertil.
Ils ont en commun la figure récurrente d’un vide central depuis lequel adviennent une image ou sa mémoire – prise entre deux eaux ou vue dans le trou d’une serrure. Ils portent des inscriptions qui semblent désigner les ressorts de leur magnétisme muet : « The Whole room », « The Memory Lagoon ».
La locomotive surgissant de la forêt vierge évoquée par André Breton dans L’Amour fou comme illustration potentielle de la beauté convulsive, la lunette d’une longue vue découpant le paysage, autant que celle du microscope scrutant l’infiniment petit, sont les cadres déclinés de la même pulsion scopique. On pense aussi inévitablement aux attractions illusionnistes du XIXe siècle autant qu’à Marcel Duchamp et sa célèbre œuvre cryptique : Étant donnés : 1° la chute d’eau 2° le gaz d’éclairage. L’œuvre de Duchamp s’apprécie au travers de deux trous dans une palissade, Peeping-Tom ultime de l’art du XXe siècle. »
Extrait du texte de Louise Grislain, Memory Lagoon, Alan Fertil drawings, sketches and notes.
(1) la monographie d’Alan Fertil est entièrement dédiée à la production de dessins de l’artiste, décédé précocement, et qui fera l’objet d’une exposition au Centre d’art Passerelle en février 2022.