Rêverie numérique, plongée fantasmatique dans le torrent de pixels, revisitation du mythe d’Ophélie, le texte d’Eden Tinto Collins surfe les « app » et vampirise la « novlangue techno » dont elle rit des dérives et des tics langagiers. La bonne arrivée ou la Numination est un conte contemporain, une fantaisie cyborg qui mixe les soifs d’escape et les angoisses identitaires d’une époque hantée par un cloud de plus en plus fantomatique et menaçant où tout semble se distordre et s’évanouir. L’auteure est une grande créatrice de néologismes mi Sci-Fi, mi nerd, mi argot de banlieue, qu’elle intègre – ni vu ni connu – dans le flux d’un sabir flamboyant. L’« entase » en est un exemple sublime, qui résume les désirs d’émancipation d’une génération algorythmée dont les seules lignes de fuite semblent être les contaminations poétiques d’une matrix réenchantée.