Dans l’écriture de Mathilde Ganancia ne sourdent de sa pratique artistique que quelques rares indices difficiles à repérer – si ce n’est qu’ils esquissent une fantasmagorie sociale au fantastique léger, une utopie vaguement féministe mais franchement déglinguée, farouche et sans issue. Quelque part entre Céline Minard et Alphonse Allais, l’auteure dessine des trajectoires d’héroïnes improbables mais sophistiquées, sorties d’un imaginaire so unusual. Ses courtes nouvelles sont de petits bijoux d’improbabilité qui forment cependant des itinéraires réjouissants, débouchant sur des situations cocasses où l’impensable finit par s’installer, à rebours de toute logique. Au moyen d’une langue châtiée, d’un vocabulaire distingué, utilisant juste ce qu’il faut de frenglish pour marquer sa contemporanéité, ses petits récits enchâssés et gentiment grinçants se moquent plus qu’ils ne condamnent des alternatives aux pratiques bien établies, comme la médecine allopathique – ringardisée par la nécessité d’être « en vogue » – ou les youtubeuses de l’espace prises à leur propre piège de la fame, écho jubilatoire à nos médiatiques super-héros, quand il ne s’agit pas de faire de la révolution des lunettes le prisme d’une ascension sociale désespérément vouée à l’échec.