Vêtus de sombre, quelques mèches ébouriffées pour lui, une frange noir corbeau pour elle, Clément Leveau & Luce Terrasson sortent tout droit de l’univers de la nuit. Issus de l’électro, ils ont longtemps hésité à intégrer le cercle des arts visuels. Pourtant, leurs installations sonores et multimédia s’adressent à tous les sens. Clément Leveau est un enfant du pays. Après un BTS audiovisuel, option son au Mans, le jeune homme monte en 2013 son projet de musique électro sous le nom de Jumo. En 2015, il fonde avec 4 amis le collectif CELA, association d’art numérique qui mêle la musique à la vidéo, la scénographie et la performance. Graphiste autodidacte, il accorde une place essentielle à l’image. Luce Terrasson a rejoint l’aventure il y a 5 ans. Designer textile et plasticienne, la jeune femme sort de l’École Supérieure Arts Appliqués Textile de Roubaix, où elle enseigne deux ans. Touche-à-tout, elle a plusieurs casquettes, dont celle d’assistante décor au cinéma.
Ces dernières années, le collectif s’est recentré sur le duo, avec des collaborations ponctuelles. En 2019, il se structure en SAS, société de production de contenu multimédia, éditeur musical et producteur de spectacle. Depuis, Luce & Clément multiplient les projets avec le secteur privé pour arriver à un équilibre. C’est le cas de la résidence de la Fondation Desperados pour laquelle ils ont conçu quatre installations autour du son et de la lumière en début d’année.
L’économie du duo engage des frais de production importants, « beaucoup d’électronique, on fait de nouvelles pièces tous les ans », expliquent-ils. « Nous sommes invités à des résidences de création, comme à Stereolux pour le festival Scopitone », mais ces invitations sont souvent un gouffre financier. « Aujourd’hui, nous avons besoin de producteurs et de diffuseurs ».
Si Clément a conservé son statut d’intermittent, « plus souple », Luce jongle entre la filière audiovisuelle et le régime des artistes-auteurs. « On essaye d’avoir l’étiquette arts visuels, et pas seulement numérique », confie Luce, « la technique peut vite devenir de l’entertainment ». Les installations du duo adoptent aujourd’hui une dimension plus simple, plus frugale.
Le Pôle est la plateforme idéale pour trouver la légitimité dont leur travail a besoin. Rencontrer de nouveaux partenaires, identifier des lieux de diffusion et des appels à projets, structurer davantage leur économie, et pourquoi pas bénéficier d’un accompagnent avec le dispositif TRAJET ?
Entretien réalisé par Ilan Michel