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Dominique Sagot-Duvauroux

Économiste et professeur à l’université d’Angers (Nantes, Loire-Atlantique)

16.01.2019

Dominique Sagot-Duvauroux — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Dominique Sagot Duvauroux à la galerie Dityvon, Angers

Si le parcours de l’économiste Dominique Sagot-Duvauroux foisonne de recherches et de publications, il s’en dégage une quête intellectuelle assez limpide, qui prend germe au mitan des années 80 : une fois son doctorat en poche, il collabore avec le ministère de la culture qui lui commande une étude sur le marché de l’art contemporain, en lien avec la bulle spéculative qui finira par éclater en 1990. Jusqu’alors, ses études l’avaient porté vers le théâtre : tout en poursuivant ses réflexions sur l’économie théâtrale, et plus largement sur l’économie du spectacle vivant, avec des travaux sur le cirque et les arts de la rue, il s’engage pleinement dans les arts visuels, et ne les quittera plus.

Presque trente ans plus tard, le dénominateur commun des multiples travaux de Dominique Sagot-Duvauroux s’est affirmé : ce chercheur n’a jamais arrêté d’interroger la relation entre les formes artistiques et les conditions économiques de leur valorisation, l’interaction permanente entre les modes de financement de la création (publiques ou privés), et les formes de la création.

Au fil des années 90, Dominique Sagot-Duvauroux explora le marché des tirages photographiques, sa naissance et son développement, puis analysa l’ensemble des marchés de la photographie (presse, édition, mode, publicité), et la rémunération des photographes associée à la révolution numérique. Cela l’amena progressivement à approfondir la notion des droits d’auteur, jusqu’à signer, dans les années 2000, un essai qui retrace les débats sur ces questions au cours du XIXe siècle : comment les deux grands systèmes (le copyright américain et le système français du droit d’auteur) qui naissent à la toute fin du XVIIIe siècle, nourrissent les débats de la révolution numérique ?

En parallèle Dominique Sagot-Duvauroux continue d’enseigner à l’université d’Angers, tout en cumulant les fonctions administratives, directeur adjoint de l’école doctorale pour le site d’Angers, puis directeur depuis 2017 d’une structure fédérative de recherches nommée Confluences, qui regroupe tous les laboratoires de Langues, Lettres, Sciences humaines et sociales de l’Université d’Angers, et mène depuis 2018 un nouveau cycle sur les populismes, problème d’actualité interrogé au prisme de l’histoire, de l’économie, de l’art…En tant que directeur de Confluences, Dominique Sagot-Duvauroux est aussi directeur adjoint de la Maison des Sciences de l’Homme Ange Guépin à Nantes qui promeut au niveau régional, les recherches interdisciplinaires en Sciences Humaines et Sociales. Il est fervent défenseur des frottements conceptuels, et encourage sans relâche les travaux de recherche qui déplacent les frontières disciplinaires. Pour lui, l’économie continue de porter des vêtements trop amidonnés : elle gagnerait à s’assouplir au contact de la sociologie, de la géographie, de l’histoire et de l’histoire de l’art.

Cette transversalité, l’homme la défend aussi sur le terrain. Après trois mandats au sein du conseil d’administration du Frac des Pays de la Loire, il porte un regard précis sur les œuvres acquises en comité, comme sur les activités plus invisibles du Frac dans le milieu scolaire à l’échelle régionale. Le rôle de la culture dans le développement territorial le passionne : il a notamment coordonné un projet intitulé Valeur et utilité de la culture pour un territoire, autour de la dynamique nantaise depuis les années 90 jusqu’à aujourd’hui, et vient d’obtenir un financement pour un gros projet porté par l’Agence Nationale de la Recherche, où il pose la question des scènes artistiques : qu’est-ce qui fait qu’un territoire devient, à un moment donné, identifié par une scène artistique ? Quels sont les ressorts de ces scènes, quels en sont les acteurs clés, et comment meurent-elles ? Ces territoires de l’art, il les analyse aussi très loin des Pays de la Loire : professeur associé à l’Université des Arts de Belgrade, il rencontre des étudiants qui viennent de l’ensemble des pays des Balkans, où les questions culturelles se posent de façon radicalement différente, très étrangère à l’intervention publique française.

En 2016, en collaboration avec Nathalie Moureau et Marion Vidal, il publie une étude sur les collectionneurs d’art contemporain, l’occasion d’un rapprochement avec le Pôle Arts Visuels, qui travaille à mettre en lumière ces acteurs méconnus de la vie artistique. Et pour l’heure, il travaille à une histoire économique de l’art, où il définit l’interaction entre les formes de création artistique et les formes des marchés artistiques dans la Flandres et l’Italie des XVe et XVIe siècles, la Hollande du XVIIe siècle, la France de l’académisme et de l’art moderne, avec le désir de prolonger cette réflexion jusqu’à l’art contemporain, qui promeut des modèles parfois proches des systèmes anciens. Par ailleurs, sur une commande de l’ADRA (Association de Développement et de Recherche sur les Artothèques), il s’apprête à mener une recherche sur la façon dont les artothèques participent à la construction de la curiosité artistique.

Sur ce point, la question de la curiosité, Dominique Sagot-Duvauroux semble insatiable. Cet enthousiasme intellectuel trouve sans doute sa source dans une capacité d’ouverture toujours renouvelée : adepte de la stratégie du ping-pong, il régénère sa lecture du monde par un parcours fait de rebonds, où les champs du savoir n’en finissent pas de s’éclairer par décloisonnements successifs.

Eva Prouteau

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