Dans chaque équipe légère, la transversalité s’invente au quotidien, et c’est précisément cet aspect qui motive Élodie Derval depuis sa formation. Au cours de son Master en histoire de l’art à l’Université Rennes 2, elle hésite entre la conservation, le commissariat d’exposition, la médiation, la communication : elle multiplie donc les expériences, bénévole à la Galerie Art&Essais de l’université Rennes 2 aux côtés de Christophe Viart, puis à la Chapelle du Genêteil avec Bertrand Godot, à l’artothèque de Vitré et au musée Robert Tatin, et à la fin de ses études en 2007, elle se forme aux côtés d’Olivier Delavallade dans le cadre de L’Art dans les Chapelles. En 2008, elle devient assistante de la directrice de l’Artothèque d’Angers, un poste idéal pour épanouir sa polyvalence. Devenue responsable de cette même microstructure lors de son rattachement à la direction des musées d’Angers, elle porte l’évolution de l’artothèque à travers sa programmation d’expositions, ses commissions d’acquisition (plus de mille œuvres dans cette collection), ou encore la réalisation d’éditions, dont une très belle revue, R.a-r Revue Aller-Retour.
En dix ans les choses ont bien changé : l’équipe s’est étoffée de deux à quatre temps pleins, les abonnés sont passés de 120 à 300, la médiation avec les publics spécifiques s’est affirmée comme fer de lance, la mise en réseau locale est devenue une évidence, que ce soit avec Delphine Belet au CHU, Lucie Plessis à la Galerie 5, le Collectif Blast, OuOùOuh, l’École des Beaux-Arts, le Pôle arts visuels, etc. À l’échelle nationale, Élodie Derval fait également son chemin : élue co-présidente de l’ADRA, Association de Développement et de Recherche sur les Artothèques, elle redynamise cette structure avec Isabelle Tessier (également co-présidente et directrice de l’Artothèque de Vitré), que le Ministère de la culture a désormais décidé d’accompagner pour mieux mettre en lumière la diversité et l’engagement des artothèques en France.
Autre changement de taille : à l’orée de l’année 2020, l’Artothèque d’Angers déménage dans un lieu beaucoup plus vaste. C’est le cabinet d’architectes Scheubel + Genty qui pilote ce projet de réhabilitation d’une surface totale de 2000 m2 : cet ensemble regroupera le service Angers Patrimoine, le futur service des Archives historiques patrimoniales, et l’Artothèque, dotée désormais de 250 m2 d’espace d’exposition mutualisée, et 150 m2 d’espace de prêt, de rencontre avec le public, de programmation de conférences, 50 m2 d’atelier d’artiste en résidence…
Pour ce nouveau pôle, qui jouxte le Musée des Beaux-arts, la galerie David-d’Angers et la médiathèque Toussaint, Élodie Derval fourmille de propositions innovantes, et souhaite encore approfondir l’étroite collaboration qu’elle mène avec les musées d’Angers : en 2016, elle avait participé à l’exposition Intentions graphiques, qui faisait dialoguer dessins anciens et dessins contemporains, en invitant des artistes de la collection de l’Artothèque à présenter une nouvelle œuvre sur les murs de certaines salles muséales, et à proposer une création in situ au Musée des Beaux-Arts. Ces croisements fructueux sont à l’image de la curiosité exigeante d’Élodie Derval, figure aux aguets qui a choisi de ne pas choisir, mais plutôt d’imbriquer toutes ses missions avec brio, douceur et détermination.
Eva Prouteau