Avant d’arriver à votre poste de coordinatrice de la Galerie Le Rayon Vert à Nantes en 2015, quel fut votre parcours ?
J’ai fait des études d’arts graphiques, en vue d’obtenir un BTS en communication visuelle, puis je suis partie à Rennes faire un Master Arts Plastiques, et parallèlement je me suis investie en tant que stagiaire et bénévole dans un lieu rennais nommé Le Bon Accueil. J’ai ensuite commencé à pratiquer la médiation lors de la première biennale Nantes-Estuaire, et j’ai également travaillé à l’ouverture des Machines de l’Île en accueil billetterie. Pendant cinq ans, je me suis donc plutôt rapproché du milieu du spectacle vivant : j’ai ensuite décidé de recentrer mon projet sur l’art contemporain, et j’ai repris des formations en gestion de projets culturels et des stages en action culturelle et éducation populaire. Je suis alors arrivée au Rayon Vert, lieu qui réunissait tout ce que j’aimais, entre médiation, programmation et commissariat d’exposition : en aparté, Le Rayon Vert me fait souvent penser au Bon Accueil.
Comment s’est tissée votre relation à la galerie dont vous preniez les rênes ?
Tout s’est fait petit à petit, dans l’échange et le dialogue. Je suis la seule salariée de la structure : de ce fait, les membres du conseil d’administration et les bénévoles de l’association sont très mobilisés, et les projets se montent en concertation d’équipe, aussi bien dans leur phase de conceptualisation que dans leur étape de montage et leur médiation. Je suis très présente, mais les bénévoles assurent aussi certaines permanences, avec beaucoup d’implication.
Quelles sont vos soutiens et subventions ?
Nous sommes soutenus par la Ville de Nantes avec une subvention de fonctionnement à hauteur de 7500 euros, et par le Département, qui nous aide sur de l’action ponctuelle, avec une enveloppe qui tourne autour de 3000 euros. Nous menons sept projets par an, ce qui est assez intense, mais nous avons un avantage en or, sans lequel nous ne pourrions exister : la Ville de Nantes, dont nous sommes les locataires, nous fait bénéficier d’un loyer presque symbolique pour le bâtiment que nous occupons.
Comment se répartit votre programmation ?
Habituellement, nous organisons trois expositions dites individuelles avec, à chaque fois, deux artistes ou plus, car l’espace est grand. Nous proposons une grande exposition collective en juin, avec un thème ; et l’été nous devenons lieu de résidence. En septembre, nous avons un partenariat avec la Quinzaine Photographique Nantaise, et chaque année, nous faisons le Petit Marché de l’Art, autour du petit format : cette exposition permet accessoirement à l’association d’exister à l’année puisqu’elle représente 40% du budget annuel.
Malgré le contexte sanitaire incertain, pourriez-vous évoquer vos pistes artistiques pour l’année 2021 ?
Cette année, nous avons décidé de prolonger le Petit Marché, qui habituellement s’arrête mi-janvier, jusqu’à la mi-février, ce qui nous permet d’être sûrs d’avoir un projet vivant à partager en renouvelant les œuvres de l’exposition, et en cas de fermeture imposée, en faisant exister ce projet via les réseaux, en ligne. Ensuite, si tout va bien, nous reprenons notre cycle d’expositions individuelles : la première réunira à l’étage de la galerie Maëlle de Coux et Raphaël Auvray, et au rez-de-chaussée Marie Bathellier ; la seconde présentera les œuvres de Cloé Rousset et Julia Morlot. À partir de septembre, la programmation reste encore au travail, mais nous prévoyons une exposition avec Marie Vandooren…. Au mois de juin, nous ouvrirons l’exposition collective, dont j’ai conçu le thème autour des éléments eau/air/terre/feu. Pour l’été, nous invitons un-e artiste à prendre possession de l’espace : elle-il installe son atelier au Rayon Vert, et ouvre le lieu sur des horaires assez proches de ceux de la galerie, ce qui permet la rencontre. Ensuite, les choses ne sont pas encore confirmées, mais nous tenterons d’être aussi proches que possible de notre programmation habituelle.
Quelle est votre vision du Pôle Arts Visuels ?
Avant qu’il soit créé, je trouvais que ce type de dispositif manquait franchement au territoire, pour les artistes comme pour les structures. C’est un endroit fédérateur : en tant que seule salariée de la galerie Le Rayon vert, cela m’a aidé pour rencontrer d’autres professionnels. C’est aussi un espace de réflexion : je fais partie du comité qui étudie la question de la rémunération des artistes, et nos discussions sont très enrichissantes.
Comment situez-vous le Rayon Vert sur la cartographie de l’art contemporain en Pays de la Loire ?
Sa localisation serait avant tout atypique : en matière de fonctionnement de structure, cette galerie est particulière, elle n’est pas seulement une galerie d’art avec une vocation marchande, mais aussi un lieu social de rencontre et un espace tremplin pour les jeunes artistes. Ne pas rentrer dans les cases peut être un atout, ou ne pas l’être, en l’occurrence en termes juridiques. Dans tous les cas, le Rayon vert continue à défendre les mêmes valeurs : faire avancer ensemble, sur le plan artistique et économique, la galerie et les artistes qui y exposent.
Eva Prouteau