Pourquoi avoir créé l’art au Centre à Laval ?
J’étais sculpteur. Je suis tombé gravement malade et n’étais plus en capacité physique de continuer à travailler. Sans ressources, sans indemnités, il me fallait trouver des revenus.
J’ai fait le choix de créer cette structure associative pour en devenir salarié. J’ai proposé à la Ville de Laval d’aménager une galerie d’art dans la porte Beucheresse, vestige du 13ème siècle et lieu de naissance du peintre naïf Henri Rousseau dit le Douanier.
Quel était le projet d’origine ?
Je souhaitais inviter des artistes contemporains venant d’ailleurs au rythme de trois expositions personnelles par an. Je tenais à en respecter la parité, prendre en charge les frais afférents à l’exposition, m’acquitter du droit de présentation et d’une rémunération pour les rencontres avec les publics scolaires.
Vous développez donc un volet éducation artistique et culturelle ?
Oui, l’artiste rencontre une classe de collégiens en amont des expositions. Puis, avec les professeurs, nous accompagnons les élèves dans la conception et la réalisation d’une enseigne de 4 mètres en écho à l’esthétique de l’artiste. Elle est fixée au-dessus de la galerie et signale chaque nouvelle exposition que les élèves viennent visiter.
Quelle est votre économie ?
Je suis salarié à mi-temps. C’est moi qui programme, coordonne, fait les demandes de subventions, la communication… Nous sommes soutenus par la Ville (10 000 €), le Département (5 500 €) et la Région (3 000 €). Sans les ateliers hebdomadaires que j’encadre, nous ne pourrions couvrir la totalité des dépenses qui comprennent mon salaire, la rémunération des artistes, 500 € au titre des droits de présentation publique, 180 € pour chaque intervention en milieu scolaire, le remboursement des frais de déplacements, la prise en charge de l’hébergement et des repas. Nous ne prenons aucune commission sur les ventes.
Que vous apporte le Pôle ?
L’art au Centre adhère au Pôle depuis 2 ans. En tant que membre du collège Diffusion, je participe à la réflexion sur les bonnes pratiques dans nos lieux d’exposition. C’est une structure qui me permet de rencontrer des gens, de partager nos expériences et de me faire aussi connaître comme artiste.
Comment se profile l’année à venir ?
Nous déménageons au Musée-école de la Perrine, au jardin de la Perrine. Le bâtiment est plus grand – un peu plus de 100 m² – mais sans espace de stockage, et il est mutualisé. Nous l’occuperons chaque année de mi-janvier à fin juin, ce qui va réduire la durée de nos trois expositions annuelles. La porte Beucheresse est sur un axe de circulation : nous touchions les gens qui venaient au marché. Là ce sera plutôt un public familial avec de jeunes enfants. Mais surtout, ce lieu n’a pas d’identité artistique.
Entretien réalisé par Ilan Michel
