Où vos envies vous ont-elles amenées ?
J’ai commencé mes études en histoire de l’art à Rennes 2, puis j’ai fait un Master professionnel à Montpellier. En parallèle, j’étais médiatrice au Grand Café, centre d’art contemporain de Saint-Nazaire, tout en donnant de temps en temps des coups de main sur les montages. J’ai achevé mon cursus par un stage au service partenariats de la biennale Estuaire, en 2009. Mes collègues, d’origine allemande et néerlandaise, m’ont permis de saisir les enjeux du mécénat à une époque où, en France, les financements privés étaient encore perçus avec méfiance… De 2012 à 2016, j’ai travaillé régulièrement pour le Voyage à Nantes en tant qu’assistante et chargée de production. D’une certaine façon, c’est ce qui m’a amenée à m’interroger sur la façon dont les projets s’inscrivent sur un territoire. J’étais aussi conférencière au Musée d’art moderne de Saint-Etienne et à la Biennale de Lyon et bénévolement engagée auprès d’associations qui développent des formes plus expérimentales, comme Tripode et Haus à Nantes. Vers 2014, j’ai été sollicitée par des artistes et j’ai démarré ma structure Nuits tranquilles, comme la tisane ! Plus sérieusement, j’avais l’idée de soulager les artistes des tâches annexes à la création et de les aider ainsi à développer leurs projets.
Parlez-nous de votre poste actuel.
Mosquito Coast Factory, c’est un 2 en 1 : l’atelier de Benoît-Marie Moriceau et une association grâce à laquelle nous invitons d’autres artistes en résidence : une oasis à Campbon ! Je suis salariée depuis 2020, en charge de la coordination artistique et du développement des publics… Dès l’inauguration, en 2010, le lieu était identifié du monde de l’art, mais pas des gens du coin. Mon travail, consiste à faire découvrir au plus grand nombre le travail des artistes que l’on reçoit en résidence, créer des partenariats avec les entreprises et les associations du territoire. J’aime notre côté ultra-local et circuit court auquel nous associons une programmation d’artistes de tous horizons. Pour les 10 ans du lieu, nous invitons un duo de designers graphiques gréco-néerlandais basé à Athènes ! Je vis ici depuis un an. Quand je vais au marché à Campbon, on me demande des nouvelles des artistes passés par Mosquito !
Et le Pôle arts visuels Pays de la Loire, qu’est-ce que vous en pensez ?
Je souhaitais développer mon statut d’indépendante quand j’ai adhéré au Pôle arts visuels en 2018. C’était une manière de me sentir moins seule, j’y cherchais une dynamique collective que j’ai trouvée. Ma première visioconférence pendant le confinement, c’était avec Amélie Evrard et Guillaume Bassompierre du Collège Accompagnement ! Nous nous penchons actuellement sur la question des assurances : un gros chantier auquel l’ensemble des acteurs sera bientôt invité à participer via un questionnaire. Le sujet n’est à priori pas “passionnant” mais finalement très concret et prometteur si nous parvenons à faire bouger les choses.
Comment traversez-vous la crise sanitaire actuelle et quels sont les impacts sur votre activité ?
J’ai la grande chance de vivre à la campagne, dans un cadre de vie confortable, le confinement y est sans doute plus doux que dans les grandes villes ; pour autant je ne souhaite pas dépeindre cette période de façon idyllique. C’est un moment compliqué à traverser, il faut jongler entre la monotonie et toutes les sources d’inquiétudes liées à la situation actuelle. Plus concrètement, avec Mosquito Coast Factory, nous devions livrer l’exposition de Marianne Vitale au Couvent des cordeliers à Savenay le 14 mars dernier. Dès les premières mesures qui ont précédé l’annonce du confinement, le temps s’est arrêté et nous avons été confrontés à l’actualité internationale de façon assez brutale. L’assistant de l’artiste était à Savenay quand nous avons appris la fermeture des frontières par le gouvernement des États-Unis ; en quelques heures nous avons tout fait pour qu’il puisse rentrer chez lui à New York. Tous les projets sont pour l’instant gelés et nous tentons d’imaginer une alternative à notre programmation tout en maintenant le lien avec les artistes.
Entretien réalisé par Ilan Michel