Qu’est-ce qui vous a amenée à devenir galeriste, et à vous baser à Nantes ?
Je ne viens pas du tout du milieu de l’art : j’ai fait des études de sciences économiques et j’ai travaillé dans l’immobilier pendant plusieurs années, mais l’art contemporain a toujours été un fil conducteur. J’avais le désir de travailler avec des artistes, et je trouve ce secteur vraiment riche de sens. J’étais arrivée à Nantes en 2000, à un moment où la ville commençait vraiment à bouger. J’ai sauté le pas en 2008. Il y avait une bonne dynamique en art contemporain, mais peu de galeries. Au début j’ai un peu tâtonné. J’ai beaucoup appris au fil de ces années, grâce aux artistes et aux rencontres professionnelles que j’ai pu faire.
Fin 2017, la galerie Mélanie Rio est devenue Mélanie Rio Fluency, pouvez-vous nous expliquer le changement opéré ?
Le métier de galeriste, comme tout le secteur de l’art contemporain, est compliqué. Il demande beaucoup d’énergie et d’argent. Je ne m’y retrouvais pas et les artistes non plus, alors j’ai cherché un autre système, pour travailler différemment. Je ne voulais plus avoir un lieu ouvert en permanence, mais plutôt travailler sur un mode de projets, plus éphémères, ce qui se traduit par des expositions de 4-5 jours. Ce mode de fonctionnement est plus réjouissant. Les expositions ne sont plus une obligation mais découlent d’envies, de projets… Le résultat est là ; les visiteurs et les acheteurs sont plus réactifs. De plus, le déplacement de la galerie du boulevard Guist’hau à l’île de Nantes, dans le quartier de la création, nous a amené un nouveau public et une autre visibilité.
Le second volet de cette redéfinition était de développer une sorte de 1% privé, d’insérer des œuvres dans des projets immobiliers. C’est contraignant, parce qu’il y a un cahier des charges, des critères de durabilité, d’entretien, une enveloppe budgétaire stricte…, mais ça permet aux artistes d’avoir un projet concret et financé. Certains projets ont été réalisés, d’autres sont en cours.
Qu’est-ce qui vous a amenée à vous impliquer dans le Pôle Arts Visuels ?
J’ai suivi les activités du Pôle dès ses débuts, même si je n’étais pas impliquée dans sa création. Je suis la représentante du Collège marché de l’art, mais il est difficile à animer, parce que le marché de l’art régional est trop petit. Plus largement, je m’intéresse à l’économie de l’art, notamment aux questionnements autour du statut de l’artiste. Par ailleurs, je suis active dans d’autres associations, comme celle de l’école des Beaux-Arts, ou Host, qui soutient des jeunes artistes, et je m’associe à d’autres structures pour lancer des projets dans le quartier. Je suis actuellement Vice-présidente et plus particulièrement en charge des questions budgétaire du Pôle, rôle qui me permet d’apporter mes compétences d’entrepreneure pour soulager l’équipe sur les questions liées à la gestion. Aujourd’hui, l’enjeu est de relancer la vie du Pôle et ses différents chantiers après la perturbation du coronavirus.
Entretien réalisé par Pascaline Vallée