→ Matière vive est un parcours expérimental d’accompagnement des artistes professionnel·les ou en voie de professionnalisation, en Pays de la Loire, sur-mesure, par étapes et à la carte, dans une dimension collective et individuelle s’appuyant sur un programme de compagnonnage pensé avec les professionnel·les de la région.
→ Porté par le Pôle arts visuels Pays de la Loire, Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire et s’adresse aux artistes en activité dans le champ des arts visuels et domicilié·es en Pays de la Loire.
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Chaque mois, le Pôle arts visuels Pays de la Loire met en lumière les lauréat·es sélectionné·es dans le cadre du dispositif Matière vive.
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Peux-tu te présenter ? En tant qu’artiste, peux-tu présenter ton parcours professionnel ?
Je m’appelle Adrien Ledoux, je suis artiste visuel. Né en banlieue parisienne en 1990, mes parents prennent rapidement la décision de s’installer aux Sables-d’Olonne. J’y passe mon enfance et mon adolescence, entouré d’artistes de tous horizons : peintres, sculpteur·rices, musicien·nes, poètes… C’est dans cet environnement que mes premières aspirations créatives voient le jour. Je reste marqué par une fresque en trompe-l’oeil réalisée par Manfred Landreau sur la place Sainte-Anne, à La Chaume. Les deux fils de l’artiste et moi-même passions beaucoup de temps à jouer devant cette œuvre. Nous répondions souvent aux questions des passant·es qui reconnaissaient les deux frères représentés picturalement sur le mur. C’est probablement l’une de mes premières expériences de médiation artistique dans l’espace public.
Je me forme dès l’âge de 13 ans dans plusieurs associations à la bombe aérosol et à la peinture murale. Je commence alors à peindre des lettres sur mur et découvre une culture à part entière : le graffiti, que je vis et pratique assidûment pendant une dizaine d’années, rythmées par les rencontres, les voyages, les échanges et les défis. Après l’obtention de mon baccalauréat, je choisis de me former aux arts appliqués. Ainsi, à la suite d’une année à la faculté d’Histoire de l’art à Nantes et d’une classe préparatoire académique, je poursuis mon cursus aux Arts Décoratifs de Paris, en design graphique. J’en ressors diplômé en 2016 avec les félicitations du jury.
Mon arrivée à Paris m’ouvre à la création sous toutes ses formes. De cette formation pluridisciplinaire découle une pratique qui interroge la fabrication d’images, leur forme et leur sens, ainsi que les contextes dans lesquels elles s’inscrivent. Je rédige un mémoire de fin d’études intitulé L’espace public s’écrie : de la construction de l’espace public par le graphisme. J’y questionne la notion d’espace public et cherche à comprendre comment il est possible d’y agir, en proposant de nouvelles expériences à celles et ceux qui le pratiquent. Avec Maxime Matias, je co-fonde, pendant nos études, Rimasuù, studio de création visuelle. Nous y développons différents projets dans les domaines de l’édition, du design, de la mode ou encore de la photographie. Pour notre diplôme, nous entamons en 2016 un travail de recherche sur les liens synesthésiques entre la vue et l’odorat, projet qui nous amènera par la suite à donner des workshops et des conférences dans différentes écoles, de parfumerie à Versailles, de design en Suisse ou encore en Guadeloupe, dans une école primaire, où nous réalisons une résidence « Création en cours » en 2017 pour les Ateliers Médicis. Ce n’est qu’à partir de 2018 que je fais le choix de me consacrer pleinement à la réalisation de projets artistiques plus personnels.
À la fin de mon année de résidence à la Cité internationale des arts et à la suite de l’annonce du second confinement, fin 2020, j’ai choisi de retourner vivre et travailler aux Sables-d’Olonne. Après dix années passées à Paris et en banlieue parisienne, immergé dans un environnement urbain, je suis revenu riche de toutes ces rencontres et expériences en design, en photographie et en architecture. Aujourd’hui, je me laisse la possibilité de découvrir de nouveaux territoires en région Pays de la Loire, partageant mon temps entre Les Sables-d’Olonne, Nantes, et Les Ponts-de-Cé, dont je reviens tout juste de résidence.
Je souhaite inscrire ma pratique artistique en région, m’ouvrir aux milieux plus ruraux, faire dialoguer mon travail pictural avec le patrimoine architectural. Ma pratique m’a toujours amené à découvrir et à pratiquer de nouveaux territoires, et mes créations naissent principalement de ces nouveaux contextes.
J’aime partager mes processus de création et ne conçois plus de travailler isolé en atelier, sans lien avec un contexte, un environnement. Mon parcours reflète un véritable intérêt pour le travail in situ et pour une création accessible, pensée pour le lieu et ses publics. Cette démarche nourrit une remise en question constante de mes pratiques et de leurs influences.
Comment se construit ta pratique personnelle ?
Ma pratique, profondément pluridisciplinaire, croise peinture, sculpture, installation, dessin et création numérique. Je développe un langage plastique singulier, construit autour de signes, de formes géométriques et d’une attention sensible aux espaces dans lesquels j’interviens.
Peux-tu nous parler d’une résidence marquante / d’une exposition passée ?
Je termine tout juste une résidence de 13 jours à Rive d’Arts, dans la ville des Ponts-de-Cé. C’est à la suite d’une discussion avec Emma Flandin – coordinatrice de Rive d’Arts – lors d’une journée de formation dans le cadre du dispositif Matière vive, qu’est né ce projet de résidence. Presque un an plus tard, je suis invité par la ville et le département à mener une résidence de création et une exposition restituant le travail réalisé pendant cette période.
Un temps précieux d’exploration ouverte durant lequel j’ai expérimenté de nouveaux protocoles plastiques en lien avec le lieu et mes inspirations du moment. Une immersion dans l’univers fluvial, ses lumières, ses couleurs, m’amenant à faire le pont entre mes différentes pratiques : art mural, trompe-l’œil, travail sur toile, représentation de paysages, jouant sur les frontières entre le figuratif et l’abstraction.
Comment as-tu connu le dispositif Matière vive ? Et pourquoi as-tu souhaité être accompagné·e dans le cadre de ce parcours d’accompagnement ?
Le dispositif Matière vive s’est présenté à moi comme une évidence : l’envie de sortir de l’isolement professionnel, de faire réseau. J’ai été mu par le besoin de partage, d’échanges, de rencontres et la nécessité de me former encore, de professionnaliser ma pratique, mon statut. J’avais également à cœur d’inscrire ma démarche dans la région et de découvrir de nouveaux horizons. C’est ce qu’a réussi à faire le Pôle arts visuels en réunissant au sein d’un même dispositif des individualités diverses, des personnalités fortes. Mais aussi en créant des temps où le groupe naît, où les idées s’échangent, pendant et en dehors du programme. Matière vive a permis de belles rencontres, une énergie positive et bienveillante plus que nécessaire en cette période trouble.
Suite à ces premiers mois au sein du parcours d’accompagnement Matière vive, peux-tu nous dire quels ont été les effets sur ton parcours professionnel ? Que retiens-tu des différentes étapes et rencontres du dispositif ?
Comme Jérémy Gouellou, je pense que le dispositif Matière vive a sans doute joué en faveur de ma candidature à l’obtention d’une place d’atelier au Plongeoir, piloté par le collectif Open-it. J’ai malheureusement dû le quitter faute de moyens financiers en septembre 2024. J’ai également eu l’opportunité de travailler durant six mois dans un atelier au sein du collectif Bonus. Toutefois, je n’ai pas pu profiter pleinement de ce temps de résidence. En effet, mon installation a coïncidé avec les premières annonces de coupes budgétaires de la Région. C’est pourquoi, l’annulation de projets et la réalité financière qui en ont découlé m’ont beaucoup questionné et remis en question cet hiver.
Le programme d’accompagnement proposé par Matière vive m’a permis de me structurer et a répondu à toutes les interrogations que je pouvais avoir sur le statut d’artiste-auteur·rice, la comptabilité, les dispositifs de résidence, ou encore les projets d’EAC – Éducation Artistique et Culturelle… En plus de toutes les journées de formation et de rencontre avec les acteurs et actrices de la région, j’ai rencontré des artistes touchant·es et sensibles avec qui j’ai pu partager mes questionnements et mes expériences. Le dispositif Matière vive m’a apporté un véritable soutien, à la fois collectif et individuel.
As-tu quelques actualités à nous partager ?
Du 30 avril au 12 mai 2025, j’ai réalisé une résidence de création à Rive d’Arts (Les Ponts-de-Cé). Cette résidence a donné lieu à une exposition de restitution, ouverte depuis le 10 mai et jusqu’au 29 juin 2025 de 14h à 18h.
Du 13 au 19 juin 2025 au Grand Huit (Nantes) se tiendra l’exposition collective « Poétiques de la lutte », exposition de clôture du parcours Matière Vive.
Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire