→ Matière vive est un parcours expérimental d’accompagnement des artistes professionnel·les ou en voie de professionnalisation, en Pays de la Loire, sur-mesure, par étapes et à la carte, dans une dimension collective et individuelle s’appuyant sur un programme de compagnonnage pensé avec les professionnel·les de la région.
→ Porté par le Pôle arts visuels Pays de la Loire, Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire et s’adresse aux artistes en activité dans le champ des arts visuels et domicilié·es en Pays de la Loire.
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Chaque mois, le Pôle arts visuels Pays de la Loire met en lumière les lauréat·es sélectionné·es dans le cadre du dispositif Matière vive.
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Peux-tu te présenter ?
Je suis né un lundi de juillet 1985, près d’un fleuve, d’une mer vive et froide, de collines et de vallées. J’ai sans doute pris conscience de mon attachement à ma région naturelle, le Pays de Caux, en la quittant à l’âge de 20 ans pour poursuivre mes études à Brest. Je réalise aujourd’hui que ce déplacement est à l’origine de ma pratique artistique et que 20 années supplémentaires ont été nécessaires pour mesurer l’impact de ce dépaysement. Le rapport affectif aux lieux guide ma pratique, mes déplacements et mes discussions.
En tant qu’artiste, peux-tu présenter ton parcours professionnel ?
Mon parcours ne s’est pas construit autour de la démarche artistique, mais celle-ci s’est progressivement immiscée dans mon quotidien. Diplômé d’urbanisme et d’architecture, je nourris une fascination pour la découverte des paysages, l’exploration de tous les tissus de la ville et la représentation de ses formes.
Pendant une dizaine d’années, en tant qu’architecte, je me suis consacré à la mise en récit de territoires. Ma pratique s’intéressait notamment à l’évolution des paysages et se caractérisait par la diversité des formes d’écritures utilisées. Durant cette période, j’ai sans cesse recherché le « pas de côté » (sujet de mon diplôme de fin d’étude), une volonté de bousculer les manières de faire et de s’opposer à la standardisation des lieux de vie.
En 2022, motivé par l’envie d’approfondir une autre façon d’approcher les territoires, je fais évoluer ma pratique d’architecte-urbaniste vers celle d’artiste-auteur et me consacre essentiellement à la création artistique, aux travaux de recherches et à l’enseignement. Mes travaux se situent à la croisée de ces univers et mêlent aujourd’hui expression artistique et observation critique des paysages.
Comment se construit ta pratique personnelle ?
Avec la photographie argentique, j’apprends une nouvelle manière de regarder les espaces que je traversais à trop grande vitesse. La marche devient mon principal outil d’investigation.
La marche de jour ou de nuit, sous le soleil ou la pluie, la marche longue et éprouvante pour aller chercher, par l’épuisement, l’épaisseur des lieux que je photographie. Cette manière de procéder me permet d’extraire une forme d’extraordinaire de situations a priori banales. L’exceptionnel est révélé par une photographie accidentée et incertaine en ayant recours à des techniques archaïques, des boîtiers défectueux ou des pellicules périmées. Aucune post-production n’est autorisée, l’engagement physique, le geste, la confrontation aux éléments et à la géographie sont responsables du façonnage des images.
Comment as-tu connu le dispositif Matière vive ? Et pourquoi as-tu souhaité être accompagné·e dans le cadre de ce parcours d’accompagnement ?
Matière vive répond à un réel besoin de société, celle de la formation continue, des virages en cours de route, des remises en question, des envies de changement, … Le programme aide à se dire que c’est possible.
Une forme d’« évidence » a accompagné les étapes de ma candidature au dispositif Matière vive. La lecture de l’appel, la rédaction de ma lettre de motivation ou même l’annonce des lauréat·es, tout semblait écrit, c’était précisément ce qu’il me fallait à ce moment-là.
Ma candidature s’est évidemment construite autour de mon projet d’évolution professionnelle, d’architecte-urbaniste vers artiste-auteur, mais j’ai aussi insisté sur mon envie de me saisir pleinement de ce programme construit sur la diversité des approches entre artistes.
Suite à ces premiers mois au sein du parcours d’accompagnement Matière vive, peux-tu nous dire quels ont été les effets sur ton parcours professionnel ? Que retiens-tu des différentes étapes et rencontres du dispositif ?
La visibilité du dispositif Matière vive a sans doute joué lors de ma première réponse à un appel à candidature, me permettant d’obtenir un atelier au Plongeoir, lieu d’artistes géré par le collectif Open It à Nantes. Au premier semestre 2024 je dispose donc d’un accompagnement et d’un espace, je me lance pleinement dans mon projet de professionnalisation. Création du statut d’artiste, outils de comptabilité, droit d’auteur, … la pluridisciplinarité de la formation me permet de répondre à chacune des questions qui se présentent à moi.
Venant d’un « autre monde », celui de l’architecture, cette reconversion est synonyme pour moi de l’entrée dans un nouvel environnement, celui du monde de l’art, répondant à d’autres codes et d’autres logiques de réseaux. Matière vive m’ouvre la voie et me permet de rencontrer les bonnes personnes.
Comment le travail en groupe nourrit-il ton parcours d’accompagnement ?
Si les affinités et le plaisir des échanges relèvent en partie d’une alchimie heureuse, les conditions d’une bonne rencontre ont été pensées en amont. Merci au Pôle arts visuels d’avoir construit ce programme sur la diversité des profils et bravo au jury de sélection pour la consitution ce groupe. En ces temps particulièrement difficiles pour la culture en région Pays de la Loire, la force du collectif est bienvenue.
As-tu quelques actualités à nous partager ?
→ Atelier de La Ville en Bois – Résidence dans le laboratoire photo.
Restitution du jeudi 3 au dimanche 6 avril dans l’entrepôt.
« Après s’être intéressé en tant qu’architecte à la reconversion de friches urbaines, cette invitation à exposer dans l’entrepôt d’une ancienne usine représente un point de bascule dans sa pratique. Comment, après avoir pensé l’architecture au cœur des paysages, faire rentrer ces derniers dans un espace en particulier ? »
→ Galerie Le Rayon Vert – Exposition « Pas loin »
Du samedi 26 avril au dimanche 15 juin
« Pas loin, presque, pas tout à fait : une somme d’imperfections, de fragilités et d’heureux accidents qui donnent à voir un ailleurs, vaste et légèrement dystopique. S’en remettre au hasard de la matière argentique usée, c’est une manière de s’arranger avec l’incertitude, de laisser la place au doute et à l’indécision. Que sommes-nous en train de regarder ? Écrire “pas loin” c’est déjà écrire “loin” : c’est appeler l’espace, la distance, le territoire, les paysages. C’est confondre proche et lointain dans une exploration continuelle. »
→ Maison de l’architecture de Corse – Résidence Arts et Territoires
2024 – 2025 – Collectif PAMPA PAMPA (Jérémy Gouellou + Gaëtan Chevrier)
« Sur invitation de la Maison de l’Architecture de Corse, le binôme de photographes engage une réflexion intitulée « L’érosion du delta du Golo du vingt-quatre novembre au premier décembre deux mille vingt-cinq ». L’étang de Biguglia, le Lido de la Marana, l’embouchure du Golo, … Jérémy et Gaëtan prennent la mesure de ce territoire soumis à l’érosion du trait de côte. »
Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire