→ Matière vive est un parcours expérimental d’accompagnement des artistes professionnel·les ou en voie de professionnalisation, en Pays de la Loire, sur-mesure, par étapes et à la carte, dans une dimension collective et individuelle s’appuyant sur un programme de compagnonnage pensé avec les professionnel·les de la région.
→ Porté par le Pôle arts visuels Pays de la Loire, Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire et s’adresse aux artistes en activité dans le champ des arts visuels et domicilié·es en Pays de la Loire.
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Chaque mois, le Pôle arts visuels Pays de la Loire met en lumière les strutures et acteur·ices qui contribuent au compagnonnage dans le cadre du dispositif Matière vive.
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Pierre, pourriez-vous nous présenter brièvement La Générale – Maison du projet de la Caserne Mellinet ? Quels sont les axes principaux de vos actions, vos missions, la composition de l’équipe, et les grandes lignes de votre programmation ?
La Générale a été créée en 2019 en réponse à un appel à projet lancé par Nantes Métropole Aménagement pour la gestion et l’animation d’une maison du projet sur le site de l’ancienne Caserne Mellinet.
Le lieu, ouvert au public en 2021, permet de communiquer sur l’aménagement urbain de la caserne Mellinet et au-delà de créer un lieu de vie pour le quartier. C’est un lieu relais des initiatives sociales et culturelles, un lieu repère. La volonté issue d’une concertation avec les habitant·es du quartier est de faire de La Générale un lieu de rencontre avec une programmation événementielle, la mise à disposition d’espaces de travail et de création, un programme culturel et le développement de services de proximité pour les habitant·es.
L’association repose sur une gouvernance de 3 collèges représentatifs des usages du lieu : le collège habitant·es-bénévoles (habitant·es du quartier et bénévoles actif·ves dans l’association), le collège résident·es (membres des 10 structures dont l’activité professionnelle est hébergée à La Générale), le collège des structures utilisatrices (les associations et structures partenaires qui utilisent le lieu pour y proposer des activités et évènements)
La programmation se veut éclectique et ouverte au plus grand nombre : concerts, expositions, spectacle vivant, projections, débats, temps d’information sur la vie du quartier, fripes, vide grenier, tournois de sports et loisirs…
La Générale est située au cœur du projet d’aménagement urbain de la caserne Mellinet, à Nantes. Quel lien entretenez-vous avec ce territoire et ce quartier en particulier ? Quelles en sont, selon vous, les particularités marquantes ? Comment ces spécificités influencent-elles votre programmation et le travail des artistes qui viennent y travailler ?
La Générale est par définition la maison du projet de la caserne Mellinet, elle est donc historiquement liée au projet urbain et accompagne son évolution depuis le début. Le lien avec les premier·ères habitant·es de la caserne est très fort puisqu’elles et ils se sont dès le départ emparé·es du lieu comme un espace de partage et de rencontre privilégié dans un quartier relativement isolé du reste du tissu urbain. C’est à la fois un atout qui a créé une forte cohésion entre les habitant·es mais aussi un défi à surmonter pour permettre l’ouverture de la caserne sur les quartiers qui l’entourent.
La programmation a dans un premier temps été naturellement influencée par cette position historique et géographique de La Générale, en s’adressant en priorité aux habitant·es du quartier. Cela tend aujourd’hui à évoluer avec une ouverture à un public de plus en plus large et une programmation qui se diversifie au fil du temps. Notre résidence artistique « Passer le mur » a été volontairement orientée sur la notion de rencontre avec les habitant·es et d’effacement des frontières physique de la caserne Mellinet (mur d’enceinte encore existant qui délimite l’ouverture sur le reste du quartier). Elle a donné lieu à des résidences où l’implication du public était au cœur du processus créatif (projets « Terres de rencontre » en 2023 et « Liens » en 2024) qui ont permis une véritable collaboration entre artistes et habitant·es.
D’autres mises à disposition de l’espace de résidence sous des formes libres ont parfois joué avec l’environnement de la caserne comme source de création (captations sonores de Ricardo Martinez par exemple), mais la plupart des résidences « libres » ne semblent pas directement influencées par le contexte particulier du quartier.
Bien que La Générale ne soit pas un lieu exclusivement dédié aux arts visuels, vous avez choisi de vous engager dans le dispositif Matière Vive à travers le compagnonnage. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ? Quels enjeux ou valeurs y voyez-vous pour La Générale et pour les artistes ?
Le dispositif Matière Vive a permis à La Générale de s’inscrire dans un cadre d’accompagnement et d’aide à la professionnalisation qui nous a fait défaut jusqu’à présent pour les artistes que nous avons accueilli·es. En effet, nous n’avons pas de personnel véritablement dédié ni de médiation artistique dans le lieu. De plus, le compagnonnage dans le cadre de Matière vive offre une double visibilité aux artistes, tant via l’espace d’exposition que nous mettons à disposition que par l’accompagnement et la mise en réseau que propose le Pôle arts visuels.
C’est aussi un moyen pour La Générale d’être identifiée comme un lieu d’accueil et d’exposition possible pour les jeunes artistes en intégrant le réseau du Pôle arts visuels. Cela permet aussi de se faire connaître des autres lieux de diffusion artistique de la région.
Dans le cadre de Matière Vive, vous avez accueilli Cécilia Obouo en résidence en novembre et décembre 2024. Pourriez-vous nous présenter brièvement ce projet, ses intentions et ses retombées, à la fois pour l’artiste et pour votre structure ?
Nous avons compris lors de l’accueil de Cécilia que cette résidence était pour elle une première et qu’elle avait beaucoup d’attentes voire une touche d’appréhension. Nous avons donc fait de notre mieux pour l’accueillir le plus simplement possible pour qu’elle se sente à l’aise et libre dans sa création. Les temps de partage avec les résident·es du lieu ont malheureusement été limités du fait des contraintes horaires de Cécilia – puisqu’elle vit à Saint-Nazaire – et des emplois du temps des un·es et des autres. Cependant, sa présence a été appréciée par toutes les personnes avec qui elle a eu l’occasion d’échanger.
Pour finir, en termes de retombées, la présence de Nathalie Le Berre, directrice du Pôle arts visuels, ainsi que de partenaires et d’autres artistes lors du vernissage de Cécilia ont été pour nous un gage de reconnaissance de son travail et une possibilité de faire connaître notre lieu aux professionnel·les du milieu artistique.
Selon vous, en quoi l’accompagnement des artistes dans le cadre de Matière vive contribue-t-il à structurer le secteur des arts visuels ? Comment ce type d’accompagnement peut-il participer à la professionnalisation des différents acteurs et actrices du domaine ? Et plus concrètement, qu’est-ce que ce dispositif vous apporte, en tant que structure qui accueille ponctuellement des artistes plasticiens ?
Comme évoqué précédemment, si La Générale peut offrir un lieu de travail et de la visibilité, l’accompagnement et la professionnalisation sont des compétences portées par le Pôle arts visuels que La Générale ne peut pas assurer directement. Le compagnonnage permet cette complémentarité pour les artistes accueilli·es.
À la suite de la résidence de Cécilia, nous avons reçu la candidature de deux autres artistes – lauréat·es du dispositif d’accompagnement – pour occuper la salle de résidence de La Générale. C’est pour nous un effet très concret de notre participation au dispositif qui a rendu notre espace visible pour les artistes accompagné·es dans le cadre de Matière Vive notamment.
L’accompagnement proposé par Matière Vive permet-il, selon vous, de renouveler le regard porté sur les dynamiques de réseau et les partenariats entre les structures ?
En tant que structure « novice » dans ce type de dispositif, l’accompagnement proposé par Matière vive a en tout cas permis de nous ouvrir à un réseau de partenaires potentiels. Nous regrettons que le manque de disponibilité ne nous ait malheureusement pas permis de prendre pleinement part à la journée d’échange et de rencontre avec les autres structures. Nous espérons toutefois que notre présence dans le dispositif a pu contribuer à la diversité des lieux d’accueil dédiés aux artistes et que nous pourrons continuer à prendre part à ce type de collaborations quelles qu’en soient leurs formes futures.
Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire