→ Matière vive est un parcours expérimental d’accompagnement des artistes professionnel·les ou en voie de professionnalisation, en Pays de la Loire, sur-mesure, par étapes et à la carte, dans une dimension collective et individuelle s’appuyant sur un programme de compagnonnage pensé avec les professionnel·les de la région.
→ Porté par le Pôle arts visuels Pays de la Loire, Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire et s’adresse aux artistes en activité dans le champ des arts visuels et domicilié·es en Pays de la Loire.
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Chaque mois, le Pôle arts visuels Pays de la Loire met en lumière les strutures et acteur·ices qui contribuent au compagnonnage dans le cadre du dispositif Matière vive.
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Anne-Laure, Yeliz, pourriez-vous nous présenter brièvement Stereolux et plus particulièrement le pôle Arts & Cultures numériques ? Quels sont les axes principaux de vos actions, vos missions, les grandes lignes de votre programmation ?
Stereolux est un projet artistique et culturel nantais orienté vers les musiques actuelles et les arts numériques. Porté par l’association Songo, il a ouvert en 2011 sur l’Île de Nantes et est labellisé SMAC par le Ministère de la Culture.
Le pôle Arts & Cultures numériques explore les grands enjeux socio-technologiques de notre temps à travers le regard des artistes et s’articule autour de trois types d’actions : la diffusion de projets (expositions, spectacles, conférences), l’accompagnement d’artistes (mise à disposition d’espace de travail, résidence et coproduction), et enfin la formation avec une offre régulière d’ateliers, de l’initiation à un logiciel à des workshops de plusieurs jours pour véritablement expérimenter.
La programmation se construit autour de temps forts thématiques qui peuvent avoir des entrées assez concrètes comme l’IA générative ou le jeu vidéo ou des entrées plus larges comme la lumière ou l’idée de ralentir. Quelles que soient les modalités d’actions, nous essayons d’aborder les relations entre arts, sciences et technologie de manière transversale en s’intéressant aux outils technologiques eux-mêmes mais aussi à leurs contextes sociétaux.
Et puis, chaque année en septembre il y a le festival Scopitone, un moment vitrine pour les arts numériques et les cultures électroniques.
Stereolux est situé sur l’île de Nantes, au cœur du quartier de la création. Quel lien entretenez-vous avec ce territoire et ce quartier en particulier ? Quelles en sont, selon vous, les particularités marquantes ? Comment ces spécificités influencent-elles votre programmation et le travail des artistes qui viennent y travailler ? Quel lien entretenez-vous avec les autres structures que regroupe la Fabrique Île de Nantes ?
Stereolux est l’un des premiers bâtiments sortis de terre dans le quartier de la création et est très attaché à cet écosystème où se côtoient des acteur·ices des champs de la recherche, des industries culturelles et créatives, et de l’art. Un croisement qui correspond bien à l’ADN de Stereolux.
C’est un quartier qui a énormément évolué en 20 ans. Sur le passé industriel, de multiples couches se sont superposées : des acteur·ices culturel·les (Trempo, l’école de design, les Beaux-arts Nantes – Saint-Nazaire, …), avec lesquel·les les collaborations sont nombreuses et assez organiques, mais aussi des startups, certains départements de Nantes Université et des habitant·es. L’arrivée prochaine du nouveau CHU – Centre Hospitalier Universitaire va encore faire évoluer le quartier.
Nous ne savons pas exactement comment cela agit pour les artistes qui viennent y travailler mais nous sommes intimement convaincues que l’esprit d’un lieu infuse dans ce qui y est créé.
Bien que Stereolux ne soit pas un lieu exclusivement dédié aux arts visuels, vous avez choisi de vous engager dans le dispositif Matière vive à travers le compagnonnage. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ? Quels enjeux ou valeurs y voyez-vous pour Stereolux et pour les artistes ?
En premier lieu, c’est une très belle initiative qui invite à imaginer de nouvelles manières de travailler ensemble – ce dont nous avons toutes et tous besoin – et nous avons tout de suite eu envie de nous y associer. Plus conjoncturellement, lorsque le Pôle arts visuels nous a fait cette proposition, nous étions en train de repenser nos modèles d’accompagnement, notamment à destination des jeunes artistes.
Notre principe de mise à disposition d’espace est assez singulier. Il n’y a pas de curation, cela repose donc sur l’adéquation entre nos compétences techniques et les besoins des artistes selon le principe du « premier arrivé, premier servi ». À la différence des résidences et coproductions qui s’inscrivent dans une ligne éditoriale. Mais nous n’avions pas d’adresse spécifique aux jeunes artistes.
Dans le cadre de Matière vive, vous avez accueilli Jingqi Yuan au sein de votre studio de création. Pourriez-vous nous présenter cette mise à disposition plus en détails ? De quel type de studio s’agit-il ? Quelles étaient les intentions et les retombées, à la fois pour l’artiste et pour votre structure ?
Jingqi Yuan développe un travail à la frontière de l’art contemporain et de l’art numérique. Deux champs qui se confondent parfois sur un plan artistique mais dont les structurations diffèrent avec des réseaux de diffusion et des modalités de productions qui se croisent peu. Il est intéressant d’accompagner un artiste pour qu’il puisse naviguer dans ces deux univers.
Jingqi a passé deux semaines en résidence à Stereolux dans le cadre de Matière vive pour poursuivre une recherche autour de formes hybrides – inspirées des travaux du naturaliste Ernst Haeckel – en impression 3D. Il était non seulement à l’atelier tous les jours mais a assisté à tous les concerts et évènements de Stereolux en créant des relations fécondes avec l’équipe, notamment technique.
Nous allons poursuivre l’accompagnement de Jingqi dans le cadre d’Ambivalences, un nouveau dispositif interrégional co-porté avec Electroni-k en Bretagne et Obliques / Station Mir en Normandie.
Selon vous, en quoi l’accompagnement des artistes dans le cadre de Matière vive contribue-t-il à structurer le secteur des arts visuels ? Comment ce type d’accompagnement peut-il participer à la professionnalisation des différents acteurs et actrices du domaine ? Et plus concrètement, qu’est-ce que ce dispositif vous apporte, en tant que structure qui accueille en résidence des artistes plasticien·nes tourné·es vers les arts numériques ?
En tant que salle dédiée aux musiques actuelles et aux arts numériques, Stereolux côtoyait d’assez loin le secteur des arts visuels et n’était pas adhérent du Pôle arts visuels avant cette année. Donc Matière vive nous a permis de découvrir le travail d’un jeune artiste avec lequel nous avons envie de poursuivre la collaboration mais aussi de rencontrer un certain nombre d’acteur·ices de la Région. Cette interconnaissance est une première étape indispensable pour faire écosystème.
L’accompagnement proposé par Matière vive permet-il, selon vous, de renouveler le regard porté sur les dynamiques de réseau et les partenariats entre les structures ?
Nous ignorons si cet accompagnement renouvelle le regard porté sur les dynamiques de réseau mais nous constatons qu’il amplifie les possibles. Sans un opérateur dont la mission est la mise en réseau, une action d’une telle ampleur n’est tout simplement pas envisageable. Les collaborations entre structures sont vitales pour les structures elles-mêmes et par ricochet pour les publics et les artistes. Et nous savons toutes et tous à quel point il est chronophage de monter des projets à 3, 4 ou 5 acteur·ices, c’est en cela que le dispositif Matière vive est remarquable. Du point de vue de l’accompagnement, Matière vive est une initiative particulièrement bien conçue pour les artistes, comme pour les structures :
— par la grande variété d’acteur·ices réuni·es (qui peuvent s’impliquer manières variées à l’endroit de leur intérêt et compétence),
— par la pertinence des associations entre artistes et structures, par sa dimension sur-mesure (qui s’adresse avec justesse à chaque artiste),
— et par le nombre d’artistes concerné·es (qui toutes et tous soulignent la vertu de l’effet groupe dans un parcours d’artiste qui peut parfois être solitaire).
C’est un dispositif qui donne de la force, nous le croyons, à celles et ceux qui y participent.
Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire