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visuels
Pays
de la Loire

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Alexia Jacques-Casanova

Facilitatrice co-design, fondatrice de Artizest, Saint-Nazaire

12.01.2021

Alexia Jacques-Casanova — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Alexia Jacques-Casanova

Votre parcours est atypique à plusieurs titres, et vos études supérieures se sont entièrement déroulées à l’étranger. Pouvez-vous les résumer ?
J’ai commencé par une licence en anthropologie sociale et culturelle à University College London, puis un premier master au conservatoire de danse de Londres, un diplôme de community dance assez exceptionnel qui consiste à former des professionnels de la danse à organiser des événements autour de la danse, pour des publics qui de manière générale n’ont pas accès à cette pratique, que ce soient des personnes senior avec la maladie d’Alzheimer ou des personnes jeunes en situation de handicap, en décrochage scolaire, des personnes incarcérées, etc. Ensuite, j’ai intégré l’Institut d’Art de Chicago, le deuxième plus grand musée des États-Unis après le MET de New-York. Comme le Louvre, l’IAC a sa propre école, qui forme des étudiants aux beaux-arts et aux domaines afférents : j’y ai suivi un passionnant Master de management des institutions culturelles. J’ai alors vécu au Mexique pendant un an. Pendant toutes ces années, pour payer mes études, j’ai travaillé dans des associations, des institutions, des ONG, qui avaient en commun une mission corolaire de la problématique de la démocratie culturelle et du community art, l’art à impact social, inclusif, parfois dans des logiques d’amélioration de l’urbanisme. Je suis enfin rentrée en France en 2015 : je suis originaire du Var mais mon conjoint était installé à Saint-Nazaire ; je cherchais à l’époque un emploi à l’échelle européenne, mais je suis finalement restée là !

À partir de cette base nazairienne, comment avez-vous épanoui votre pratique professionnelle ?
Je me suis mise en quête de missions de coordination de démarches participatives et d’enpowerment : à Chicago, j’ai été formée au design thinking, méthodologie définie par les designers de IDEO qui sont pionniers en ce domaine des principes d’intelligence collective, qui place l’humain, ses usages et besoins au centre de la réflexion. En France, dans le domaine de la culture, ce type de démarche n’existait pas vraiment. J’ai donc lancé mon activité indépendante : depuis, j’accompagne des institutions culturelles sur ce qui relève de la stratégie d’établissement et de la conduite du changement, en intelligence collective avec l’ensemble des agents et/ou en co-création avec leur public en fonction des projets. Je travaille exclusivement avec des méthodes d’intelligence collective, basée sur les questions d’accessibilité, de diversité et d’inclusion. J’anime aussi des séances de travail auxquelles j’invite des membres du public cible et des membres de l’institution pour qu’ensemble, ils puissent envisager l’exposition, la médiation, ou la programmation au sens large.

Est-ce que vous avez des exemples de projets concrets à citer dans la région des Pays de la Loire ?
Je travaille beaucoup à Paris (Bibliothèque de la Cité des Sciences, Institut français, Musée Carnavalet…) et à l’étranger, même si je préfèrerais agir davantage à l’échelle locale. J’ai collaboré avec l’Écomusée de Saint-Nazaire, spécifiquement sur la question de la médiation : avec des membres de l’équipe et du public, nous avons envisagé de nouvelles formes de médiation, qui ont ensuite été prototypées, puis testées au sein du musée pendant les journées du patrimoine. Sur les trois médiations imaginées, deux ont été durablement mises en place. J’ai également effectué quelques missions pour le Pôle Arts Visuels, touchant au recueil de besoins de manière participative, auprès des professionnels.

Comment abordez-vous ce territoire en termes de potentialité de développement de votre structure ?
C’est une question de temps. Les opportunités existent, mais mon métier n’est pas encore cerné : il m’incombe de faire un énorme travail d’explication et de pédagogie. Par exemple, j’aimerais collaborer avec le Musée du Château des Ducs de Bretagne, l’un des rares musées en France à mener une réflexion approfondie sur la question de l’inclusion et de la diversité, notamment en interrogeant le passé des collections construites sur une histoire raciste et esclavagiste. Mes interventions sont ponctuelles : il faut que le musée ait besoin, à un moment clé, de réfléchir à sa stratégie en envisageant la démarche participative, et cela demande une maturation. De plus, en tant que free lance, je suis prestataire privée : je constate encore une certaine défiance des institutions à me faire intervenir sur des problématiques de mission de service public, il faut que je les rassure sur le fait que je suis bien sur la même longueur d’onde qu’elles, et que je me bats pour la même éthique. Autre cas de figure qui m’intéresse particulièrement : je serais ravie d’accompagner le musée Jules Verne dans la très grande mutation qu’il va connaître, car le potentiel de cette institution est très fort.

Sinon, vous continuez à faire de la danse ?
Malheureusement non, mais c’est un environnement qui m’intéresse toujours : je rêve d’élargir mon travail à des compagnies de danse ou à des conservatoires.

Eva Prouteau

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