Pôle
arts
visuels
Pays
de la Loire

Annuaires

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Claire Staebler

Directrice du Frac des Pays de la Loire, Carquefou et Nantes

07.11.2023

Claire Staebler — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Claire Staebler ©Fanny Trichet

D’où venez-vous ?
J’ai passé mon enfance à la campagne, à côté de Colmar. Chez ma grand-mère, en Haute-Marne, on raconte que le prieuré – où je passais mes vacances – abritait un trésor. Quand on fait une collection, c’est aussi pour en débusquer. J’avais hâte de devenir adulte et suis partie à Paris à 18 ans.

Où avez-vous fait vos études ?
En 1997, j’ai étudié histoire de l’art à l’université Paris I, avant de m’intéresser à la sociologie. Je voulais montrer à mes parents que c’était possible de réussir dans le domaine de l’art. Pour cela, je devais aller jusqu’au DEA que j’ai soutenu en 2002 à Paris 8. Il portait sur la notion d’anti-monument. Mes recherches nécessitaient de nombreuses rencontres avec des professionnels, ce qui m’intéressait particulièrement. En 1999, j’étais la première stagiaire de la Fondation Ricard.

Quelles sont vos premières expériences professionnelles ?
J’étais en stage avec Jérôme Sans avant qu’il n’arrive au Palais de Tokyo avec Nicolas Bourriaud en 1999, et dès cette année-là, je me suis installée avec eux dans une cabane de chantier. De vrais pirates ! On ne savait pas si ça allait marcher. J’ai signé le premier CDI de l’association. En 2004, j’ai participé au programme curatorial De Appel à Amsterdam. Nous étions six commissaires 24/24 h, pendant neuf mois. Notre exposition était un programme radio, Radiodays. Nous avons acheté une fréquence et nous sommes relayés en direct durant un mois. Le premier jour, nous avons lu One Million Years d’On Kawara, et la diffusion s’est terminée par un concert en live.

Et après ?
En 2007, à 29 ans, j’ai pris la direction artistique du Pinchuk Art Centre, à Kiev, en Ukraine, un lieu financé par un oligarque. J’imaginais une académie qui se serait étendue à tout le pays… mais je n’ai pas eu la chance de mettre cela en place. En 2010, j’ai travaillé avec Okwui Enwezor à la Triennale du Palais de Tokyo, un homme visionnaire qui m’obligeait à me remettre en question en tant que femme occidentale. En 2012, j’ai rejoint Suzanne Pagé à la Fondation Louis Vuitton. Je pouvais me concentrer sur les expositions et les événements. C’est la première fois que je travaillais avec une collection.

Pourquoi avoir choisi le Frac Pays de la Loire ?
Je souhaitais être un peu plus libre et me reconnecter avec la scène nantaise (Lili Reynaud-Dewar, Saâdane Afif, Bruno Peinado…) que j’avais rencontrée aux débuts du Palais de Tokyo.

Quel est votre programme ?
J’invite des artistes qui ne viennent pas seulement des arts visuels (l’architecture, la littérature…). Je suis proche des contextes géographiques de nos deux antennes, à Carquefou et Nantes, « être au milieu des choses et au centre de rien », pour reprendre Deleuze.
En 2023, nous avons fêté les 40 ans des Frac. En 2024, nous allons célébrer l’histoire du bâtiment, inviter un artiste présent de longue date dans la collection, Xavier Veilhan, et collaborer avec le Lieu Unique, un modèle de transdisciplinarité.

Que pourrait apporter le Pôle arts visuels ?
Ce qui est primordial, c’est la visibilité. Le Pôle peut aider les artistes de la région à être mieux identifiés en France, et à faire découvrir le territoire à des commissaires nationaux et internationaux.

Entretien réalisé par Ilan Michel