Elisabeth Givre me reçoit dans sa galerie nantaise, souriante mais hésitante. Je comprends assez rapidement que l’exercice du portrait la met mal à l’aise. Se dévoiler face à l’inconnu, sans ligne directrice, partager son histoire n’est pas chose facile quand on aime être dans l’ombre, au service des autres et des valeurs que l’on défend. Elisabeth Givre est diplômée de l’école de commerce IDRAC Lyon et a travaillé vingt ans comme directrice d’agences et chef de projets pour Manpower France. Elle y acquiert des compétences indispensables au métier de galeriste mais son amour de l’art lui vient d’ailleurs. Petite-fille d’agriculteur, avec lequel elle passait tout son temps, elle a grandi dans un petit village des bords de Loire, loin de la ville, de ses tumultes et de ses accès facilités à l’art. Sa première émotion esthétique a lieu en classe de CM2, grâce à un livre du spéléologue Norbert Casteret. Elle y découvre, avec ses yeux d’enfant, des illustrations de peintures rupestres. L’art lui apparaît dans son essence même, originel et primaire, dans la simplicité de ses dessins, de ses lignes, traits, formes et couleurs. Elle prend la direction de la galerie Art Pluriel en 2015, qu’elle renomme aussitôt Gaïa. Gaïa est la déesse de la Terre. Celle de son grand-père, des origines, de nos racines. La terre comme matière et comme universalité, la base de tout. La déesse Gaïa engendra seule mers, montagnes et voûte étoilée, incarnation du girl power avant l’heure. La galerie Gaïa promeut la modernité, de l’abstraction à l’architecture, et plus largement la simplicité d’une ligne, l’élégance d’une couleur faisant naître la forme. François Morellet, Claude Viallat et Jacques Villéglé sont représentés au côté d’artistes régionaux tels que Pierre-Alexandre Rémy. La partie Studio de la galerie permet aussi d’accompagner concrètement les artistes dans leur processus de création, en conception/production/communication, pour des commandes publiques ou privées. Gaïa engendre, Elisabeth Givre accompagne.
Marie Frampier
