Quelles sont vos activités ?
Je pratique la céramique et la sculpture avec différents matériaux et réalise des pièces sur papier. Je fais aussi des workshops de céramique aux ateliers de la Ville en Bois et des interventions artistiques. J’ai pu intervenir à l’École d’arts de Cholet ainsi qu’au Centre d’Art Contemporain Vent des Forêts, dans la Meuse.
Que vous ont apporté vos multiples formations ?
Après l’École Nationale Supérieure des beaux-arts de Nancy de 2006 à 2010, où un Erasmus à Dublin au National College of Art and Design m’a fait découvrir la céramique, j’ai fait un CAP de tournage en céramique, puis un Diplôme des Métiers d’Arts à l’École Duperré à Paris, de 2011 à 2013. Ce qui m’intéresse, c’est l’approche technique, comprendre la matière et la transformer pour pouvoir m’exprimer. Quand je suis rentrée à la Haute école des arts du Rhin en 2014 à Strasbourg, j’ai pu m’initier à différents ateliers, découvrir la pâte de verre, la cire… Multiplier et expérimenter les matières est le point de départ de mon travail.
En 2018, je me suis formée à intervenir auprès de différents publics au Centre de Formation des Plasticiens Intervenants de la HEAR. Les interventions en milieu scolaire et auprès d’enfants en difficulté, me permettent de transposer ma dé¬marche artistique, créer du lien, reconfigurer les places de chacun. Je suis toujours surprise de la façon dont les élèves transforment ma matière.
En 2019, j’ai bénéficié de la résidence Création en cours des Ateliers Médicis durant un an : 70 % du temps est dédié à la création, 30 % à la transmission. Je suis intervenue dans une école rurale de Vendée, à Velluire. Une vraie rencontre avec les enfants et les enseignants ! A partir de mon travail, j’ai amené les enfants à se questionner sur l’environnement, à confronter les matériaux, les métamorphoser en devenant acteur de ces transformations.
Quel vent vous a menée à Nantes à l’été 2018 ?
J’avais envie de partir d’Alsace avec ma compagne, rencontrer un nouveau territoire. Il a fallu reconstruire un réseau. Je prends mon temps, mais je fais confiance aux intuitions.
Les matériaux ont-ils évolué depuis vos études ?
J’ai toujours associé des matériaux souples : le textile m’a servi de base. Je trempais des tissages dans la terre liquide, le fil disparaissait à la cuisson… Puis j’ai plongé le textile dans de la cire liquide pour le rigidifier. J’ai fini par associer céramique et cire. Ce qui m’intéresse, c’est ce paradoxe entre les choses stables et instables, jouer avec l’ambivalence des matières. Un matériau me permet d’en trouver un autre. Petit à petit, l’image s’est imposée : des dessins aux traits ressemblant à du fil de laine… puis des photographies déchirées de mon enfance. Je me suis toujours donné beaucoup de contraintes en élaborant des protocoles à partir de matières éphémères, gardant les traces et la mémoire de ce qui disparaît. À travers ces liens et ces ruptures, je cherche à faire émerger des fragments de mon histoire.
Vos dernières expériences avec le Pôle ?
Je suis dans le collège Création depuis 2018. J’ai suivi les formations sur le régime social des artistes-auteurs, rencontré les diplômés 2019 de l’école des beaux-arts Nantes-Saint-Nazaire, à qui j’ai ouvert mon atelier. Le partage des sensibilités est un engagement pour moi, il permet de recréer du commun.
Ilan Michel