Comment sont nées les éditions Patayo ?
Patayo a commencé par un nom, qui ne dit rien et ne veut rien dire, mais qui entraine tous les possibles. Il a surgi dans une période un peu particulière. Je cessais mon activité au sein d’une agence de paysage à Nantes, dont j’étais le cofondateur, et j’avais besoin de retrouver un peu de légèreté. J’étais dans le domaine de l’arbre ; comment j’en suis arrivé au papier ? Le livre m’attire, il porte un côté magique, celui de la connaissance et du récit.
Le déclic a eu lieu quand j’ai découvert le Lianhuanhua, qui signifie « images enchaînées ». C’est un format de bande dessinée chinois, d’une image par page accompagnée d’un petit texte. Il était très utilisé des années 1950 à la fin des années 1980, avant que les mangas japonais ne prennent de l’ampleur. C’est un format tout simple, qui tient dans la poche… J’y ai vu un grand potentiel pour raconter des histoires et créer de beaux objets à lire. Patayo pouvait débuter son aventure.
Comment choisissez-vous les auteurs et autrices ?
Ce qui m’intéresse, c’est de proposer à des auteurs et autrices de travailler avec ce format. Je fonctionne beaucoup à l’intuition. Ma priorité est la diversité de regards, qu’elle soit graphique, narrative. Les auteurs ont tous des profils différents, qu’ils soient français ou étrangers, illustrateurs confirmés ou débutants. Ils ont en commun d’utiliser ce format pour la première fois et ainsi de créer une œuvre originale pour celui-ci. Paradoxalement, la contrainte du format offre une liberté créatrice totale. La ligne éditoriale que j’ai choisie, « l’extraordinaire dans l’ordinaire », y est peut-être pour beaucoup.
La maison d’édition a été créée le 19 février 2019 et les premiers livres sont sortis en janvier 2020. Aujourd’hui, 7 « petit Patayo » ont déjà été publiés. J’ai aussi d’autres projets, dont une autre collection, « des cases des langues, des mondes », pour éditer des auteurs de bande dessinée étrangers qui n’ont jamais été édités en France. La bande dessinée est un média partagé par tous, qui s’est diffusé dans le monde en un siècle. Mais, si elle traverse l’ensemble des cultures, elle n’est pas uniformisée et reflète son pays d’origine. Un premier livre d’un auteur taiwanais va sortir en janvier 2021.
Pourquoi avoir adhéré au Pôle Arts Visuels ?
J’ai déjà fait le choix que chacun de mes livres soit un objet d’art, une œuvre originale dans un objet travaillé avec soin. Je suis dans le domaine de l’image, et considère que mes auteurs sont susceptibles d’être exposés. Au Pôle, je découvre d’autres univers, avec des problématiques différentes, qui complètent ce que je perçois dans d’autres réseaux. Je cherche toujours à sortir du cadre, aller chercher les limites, créer des nouveaux liens. Cette approche transversale me permet de me nourrir de différents éléments et d’émettre moi aussi des idées, de contribuer à faire émerger un projet collectif. Je découvre et j’apprends aussi de différents regards et métiers liés à l’exposition.
Entretien réalisé par Pascaline Vallée