Ce qui a déclenché en vous le désir de devenir artiste ?
J’ai toujours eu une aptitude à la découverte, à la vie, à quelque chose de pas déjà fait – clin d’œil à Robert Filliou. Je viens du nord de la France, près de Valenciennes.
A l’école je m’ennuyais beaucoup : j’avais un grand désir de trouver quelque chose. Ça a commencé avec la musique. Aujourd’hui encore, chaque matin, le piano c’est comme une rencontre avec quelqu’un. Je voyage à Venise et découvre les musées, la peinture du Titien, du Tintoret, de Giotto… J’ai 16 ans. C’est décidé, je vais me lancer dans l’aventure. De 1964 à 1969, c’est Paris, l’Ecole des Beaux- Arts. Je prends le train de 6 h chaque matin, toujours un réveil dans mon sac. L’atelier d’Art monumental favorise le travail avec les architectes. J’aime le moment où l’œuvre se confronte à autre chose. Dans mon travail, je me suis mise au service du déplacement, qui nécessite une « manualité ». En 1969, je partage ma vie avec Gilles Fournet, mon compagnon qui devient mon partenaire artistique. De 1978 à 2004, j’enseigne aux Beaux-Arts de Valenciennes, expérience riche, nourrissante. En art, les choses sont toujours en suspension. Il ne faut pas qu’il y ait de fin. En 1999, j’ai repris un texte que j’avais écrit aux Beaux-Arts pour en faire un manifeste, allusion à Paul Klee. Comment faire de l’art : « … Regarder, garder, laisser aller, rattraper, mais pas tout, et regarder encore, … ». La recherche nécessite une forme de résistance, d’exigence. Il faut se débarrasser des résultats attendus.
Pourquoi avoir adhéré au Pôle arts visuels Pays de la Loire ?
Nous nous sommes installés en Anjou en 2013. Je connaissais la région car je passais tous mes étés ici, chez les parents de ma mère. Nous y avons fait construire un atelier. Il nous fallait rencontrer de nouvelles énergies. Ce qui nous a conduits, Gilles et moi, à adhérer au Pôle, c’est l’envie de développer dans cette région des Pays de la Loire des questions artistiques, comme avec notre association Cent lieux d’art (1996-2010). Notre objectif était de mettre l’art au plus près des habitants dans des lieux publics ou privés, à travers une centaine de projets de la Belgique à la Slovaquie, comme la Vitrine Paulin mise à disposition par une ancienne bouchère, à Solre-le-Château.
Vos coopérations / amitiés avec les acteurs du territoire ?
Laurent Moriceau et Réseaux d’artistes en Pays de la Loire nous ont permis de rencontrer le collectif BLAST à Angers. Dès 2014, Gérôme Godet, artiste vidéaste, m’a invitée pour des projets vidéo. Grâce à BLAST, nous avons participé à un échange d’artistes entre Cologne et Angers en 2019. Aujourd’hui, nous cherchons d’autres collaborations pour montrer la série de photographies Prendre la pose – née suite au déménagement – et en faire une édition.
Qu’est-ce que la crise Covid-19 change à votre façon de penser votre travail, vos projets, votre économie, et quelles alternatives pour l’avenir ?
C’est une vaste question, à laquelle je ne peux répondre.
Mon travail n’étant pas lié à une forme prédéterminée, je vis cette période comme une rencontre impromptue avec laquelle il faut compter, sur ce que j’appellerais l’objet « non identifié intelligent » qui a jeté un pavé dans la mare.
Les dates prévues pour mes interventions sont différées, les difficultés sont autant pour les lieux qui accueillent, que pour les artistes.
Avant … ? après… ? l’art c’est la vie !
Entretien réalisé par Ilan Michel