Votre démarche plastique donne la part belle aux interstices, aux espaces « au-delà des limites », c’est bien ça ?
Oui, je reste attaché à l’observation de ce qui m’entoure, et de la frontière entre réalité matérielle et immatérielle. À partir d’un objet physique, je décale le regard vers ce qui l’entoure, vers les vides, ce qui opère un déplacement de l’objet reconnaissable vers la forme abstraite. C’est à partir de ce motif vidé de toute signification que je joue à des jeux graphiques, dans le pur plaisir enfantin, de formes et de couleurs sur des supports variés.
Vous faites régulièrement des interventions auprès de publics divers. Est-ce que la dimension pédagogique impacte votre travail ?
Les échanges avec ces publics, souvent éloignés de l’art, m’intéressent particulièrement. J’y trouve des échos venant interroger ma pratique, des rebonds, des détours, des idées pour essayer autrement et parfois des suggestions qui emmènent mon travail vers d’autres médiums.
Vous souvenez-vous d’une expérience marquante ?
Il y a trois ans, j’ai fait une intervention dans un foyer pour personnes handicapées qui m’a beaucoup touché. J’avais préparé un projet laissé volontairement ouvert, sachant que je m’adressais à des personnalités différentes les unes des autres. Les participants se sont naturellement emparés du sujet ce qui a abouti à une installation venant interroger le lieu aseptisé dans lequel on se trouvait.
Vous vivez et travaillez à Angers, êtes-vous en contact avec d’autres acteurs des arts plastiques sur le territoire ?
J’ai fait une petite résidence au collectif Blast, il y a un peu plus d’un an. Et puis, il y a une association, Satellite, qui a mis en place un projet nommé Booster. Il s’agit de la mise à disposition d’un atelier collectif qui réunit une dizaine d’artistes dont je fais partie.
Cet espace va bientôt fermer pour travaux mais Satellite aimerait être moteur de projets collectifs à Angers. Je travaille actuellement dans un local, nommé Rue sur Vitrine, mis à disposition par l’École des Beaux-Arts où je peux expérimenter le papier peint.
Que représente le Pôle arts visuels pour vous ?
J’ai assisté à des réunions intéressantes, notamment d’informations sur les financements privés pour des projets d’art plastiques. Il s’agit également d’un réseau ressource, donnant accès aux appels à projets ou à d’autres opportunités de résidences. Les artistes plasticiens peuvent être isolés et les initiatives du pôle permettent de nous mettre en relation ce qui est toujours fédérateur.
Hélène Cheguillaume