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Matière vive – Portrait d’artiste, Blanche Bonnel

28.02.2025

Matière vive – Portrait d’artiste, Blanche Bonnel — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Portrait Blanche Bonnel - résidence La Rampe aux Ateliers de la Ville en Bois – Crédit : Joséphine Javier

→ Matière vive est un parcours expérimental d’accompagnement des artistes professionnel·les ou en voie de professionnalisation, en Pays de la Loire, sur-mesure, par étapes et à la carte, dans une dimension collective et individuelle s’appuyant sur un programme de compagnonnage pensé avec les professionnel·les de la région.
→ Porté par le Pôle arts visuels Pays de la Loire, Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire et s’adresse aux artistes en activité dans le champ des arts visuels et domicilié·es en Pays de la Loire.

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Chaque mois, le Pôle arts visuels Pays de la Loire met en lumière les lauréat·es sélectionné·es dans le cadre du dispositif Matière vive.

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Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Blanche Bonnel et je suis artiste plasticienne, diplômée des Beaux-Arts de Nantes. Je suis née à Saint-Nazaire et j’ai grandi en milieu rural, entre le littoral et la campagne. J’ai quitté ces espaces naturels pour des territoires plus urbains le temps de mes études. Sensible aux environnements qui m’entourent, ma pratique artistique témoigne de cette rencontre entre le naturel et l’artificiel. J’interroge à travers un travail pluridisciplinaire, d’installations, de sculptures et de films documentaires, nos relations aux êtres vivants et nos manières d’habiter le monde. Je collecte des matières, inertes ou vivantes, organiques ou industrielles et tente – à travers leur rencontre – d’illustrer une certaine forme de fragilité, à l’image des environnements au sein desquels nous évoluons. Depuis mon déménagement en milieu rural il y a quelques années, ce lien au vivant est d’autant plus présent dans ma pratique.

Quel est ton parcours professionnel ?

Au lycée, j’ai toujours hésité entre l’architecture et l’art appliqué. Je ne savais pas ce qu’étaient les Beaux-Arts, mais j’étais attirée par des métiers créatifs. Encouragée par ma professeure d’arts plastiques de l’époque, j’ai postulé aux Beaux-Arts d’Angers et j’ai été sélectionnée. Mes trois années au sein de cette école m’ont appris que l’on pouvait s’exprimer à travers une pratique artistique et construire un discours en lien avec des formes. Après un stage de six mois en Colombie et le passage de mon diplôme de troisième année, j’ai postulé à l’école des Beaux-Arts de Nantes. J’avais envie de nouveaux regards sur ma pratique et d’évoluer dans une ville plus grande. J’ai été acceptée en master dans le parcours “Construire les mondes” et cela a apporté de réels changements au sein de mon travail. Initialement tournée vers une pratique de l’image, de l’écriture et de la vidéo, j’ai expérimenté la sculpture et l’installation. Tout au long de mon parcours, j’ai eu des doutes sur ma capacité à vivre de ma pratique artistique. Et dans l’optique de me rassurer et de me sécuriser, j’ai intégré la deuxième année du master Métiers de l’art et de l’exposition à l’Université Rennes 2 immédiatement après mon DNSEP en 2019. Cette expérience m’a beaucoup apporté théoriquement et j’étais particulièrement sensible au travail de l’artiste invitée Marie Voignier. Cette expérience professionnalisante et collective m’a permis de réaliser un stage de six mois en tant qu’assistante de chargée de projet au sein du Centre d’art contemporain national du Grand Café à Saint-Nazaire. Après plusieurs périodes de remplacement en tant que chargée de projets au sein de cette même institution, durant lesquelles j’ai pu accompagner de nombreux·ses artistes dont le travail m’intéressait particulièrement, j’ai réalisé la nécessité de me remettre à ma pratique artistique que je n’avais pas eu l’opportunité de déployer depuis ma sortie des Beaux-Arts.

Comment se construit ta pratique personnelle ?

Ma pratique se construit à travers la collecte de matières vivantes (minérales, végétales…) et de matériaux industriels (rebuts de chantier, pollution plastique…). Par ces gestes de la récupération et de la rencontre je tisse des récits et des histoires qui témoignent des environnements que je traverse, que j’habite et qui m’habitent. Il est question d’équilibre, de fragilité et parfois de délabrement. En parallèle de ces gestes sculpturaux je déploie un travail d’écriture de films documentaire, sur un temps plus long. Cela me permet d’explorer des problématiques environnementales ou politiques à travers un travail d’investigation et de recherches au sein de divers territoires. Ces deux pratiques aux temporalités distinctes se nourrissent et s’enrichissent afin de construire un récit commun.

Peux-tu nous parler d’une résidence marquante / d’une exposition passée ?

En septembre dernier j’ai pu réaliser ma première résidence d’un mois au sein des Ateliers de la Ville en bois en duo avec l’artiste Joséphine Javier dans le cadre du dispositif La Rampe. Cette expérience m’a permis de disposer d’un temps et d’un espace différent de l’atelier pour créer. Elle a été particulièrement marquante pour moi car c’est la première fois que je produisais un ensemble d’œuvres sur le même thème – celui du littoral et de notre relation à la mer – dans le but de les présenter à un public lors d’une exposition de restitution de résidence. Les retours sur mon travail et cette visibilité ont marqué un moment charnière dans mon parcours et cela m’a donné la force et l’envie de poursuivre et de persévérer.

J’ai ensuite été invitée par les commissaires Hélène Cheguillaume et Léo Bioret à participer à l’exposition collective « Régissent ! Le côté obscur de la forme », qui regroupait des artistes-régisseur·ses. Cette seconde exposition m’a également marquée car elle a lié deux aspects de ma vie : ma pratique artistique et mon travail de régie d’exposition. Elle m’a permis d’interroger les liens et influences qui se tissent entre un travail dit “alimentaire” et mon travail plastique.

Comment as-tu connu Matière vive ? Et pourquoi as-tu souhaité être accompagnée dans le cadre de ce parcours d’accompagnement ?

J’ai découvert le dispositif Matière Vive grâce à Amélie Evrard, chargée de projet et de production au Voyage à Nantes, aux côtés de qui je travaillais au moment de la sortie de l’appel à projet. Adhérente du Pôle arts visuels, elle m’a conseillé de postuler à ce dispositif car je me trouvais dans un moment où les contrats salariés en tant que régisseuse ou chargée de production prenaient le dessus sur le temps octroyé à ma pratique. Cela faisait déjà deux ans que je disposais d’un espace d’atelier partagé à côté de chez moi (Terrain Vague à Redon) et que je produisais des pièces. Mais divers refus aux appels à projets, l’incertitude quant à une visibilité future et l’isolement géographique avaient commencé à ébranler ma détermination à déployer ma pratique. J’ai perçu le dispositif Matière Vive comme une dernière tentative avant de baisser les bras et une possibilité d’être accompagnée dans cette recherche de l’équilibre entre un travail alimentaire, mais lié à l’art contemporain, et mon travail artistique. C’était aussi pour moi l’opportunité de sortir de cet isolement et de me reconnecter à un réseau artistique et professionnel.

Suite à ces premiers mois au sein du parcours d’accompagnement Matière vive, peux-tu nous dire quels ont été les effets sur ton parcours professionnel ? Que retiens-tu des différentes étapes et rencontres du dispositif ?

Matière vive est un dispositif qui tient ses promesses depuis le début, avec un travail incroyable réalisé par l’équipe du Pôle arts visuels. Dès la première rencontre avec l’équipe, les artistes sélectionné·es et plusieurs professionnel·les de l’art, j’ai ressenti une forme d’évidence et de cohésion déjà existante entre nous, compagnon·nes encore inconnu·es d’une aventure nouvelle. J’ai toujours cru en la force du collectif et c’est quelque chose que je recherchais dans mon parcours : partager un atelier, développer des projets communs, échanger sur nos pratiques, s’entraider. C’est ce que permet aujourd’hui Matière vive à travers la rencontre d’artistes au parcours variés, qui traversent des situations parfois similaires et avec qui on peut échanger, se soutenir, s’encourager. Cette solidarité, dans un contexte économique et politique actuel très anxiogène, a été un véritable socle pour ne pas perdre pied.

Ce dispositif m’a également donné la sensation d’être identifiée en tant qu’artiste dans un territoire où j’évoluais à travers mes expériences professionnelles de chargée de projet, de production ou de régisseuse. La rencontre de professionnel·les de l’art et la communication sur mon travail m’ont permis de sortir d’une forme d’isolement et m’ont procuré un sentiment de légitimité dans ma pratique. J’ai également eu la chance d’intégrer les ateliers Bonus à Nantes pour une durée de six mois, dans le cadre du compagnonnage avec Matière vive. Cette expérience a été bénéfique, elle m’a permis de m’ancrer dans un nouveau territoire de travail que j’avais quitté à la suite de mes études. En effet, malgré ma conviction profonde que l’art doit exister et se déployer en milieu rural, il est parfois difficile en tant que jeune artiste de s’y sentir exister.

En parallèle, les conseils, les formations administratives, les échanges autour de tout ce qui fait notre métier d’artiste sont particulièrement précieux car ce ne sont pas des éléments que l’on nous apprend en école d’art.

Comment le travail en groupe nourrit-il ton parcours d’accompagnement ?

J’ai toujours considéré le collectif comme une force qu’il faut entretenir. Ce n’est pas toujours évident d’évoluer au sein d’un groupe mais je reste persuadée qu’il y a plus d’aspects positifs à être ensemble que de négatifs. Au sein de Matière vive cela s’est fait de manière très naturelle et sans grande difficulté. Peut-être que cela est dû au besoin de chacun·e de retrouver ce lien et de se donner la force de croire en nos pratiques respectives. C’est ce qui s’est créé pendant cette première année ; chacun·e à notre manière avons apporté notre soutien aux autres. Nous avons partagé nos expériences diverses. Nous nous sommes conseillé·es et aidé·es concrètement. J’ai été logée à Nantes par une artiste de Matière vive pendant plusieurs semaines pour pouvoir profiter au maximum de l’atelier par exemple.

As-tu quelques actualités à nous partager ?

Comme évoqué précédemment, en cette fin d’année 2024 j’ai réalisé une résidence aux Ateliers de la Ville en Bois au sein du dispositif La Rampe auprès de l’artiste Joséphine Javier. À la suite de ce mois de résidence nous avons présenté l’exposition « (Re)flux, l’infini des marées », qui explorait nos rapports à l’environnement maritime et aux activités humaines liées au littoral.
J’ai été invitée par Hélène Cheguillaume et Léo Bioret à l’exposition collective « Régissent ! Le côté obscur de la forme » à l’Open school Galerie des Beaux-Arts de Nantes.
Par ailleurs, j’ai également été invitée par l’artiste Hélène Benzacar à exposer mon travail au sein de la Chambre, nouveau lieu de diffusion d’art contemporain et de résidence qu’elle a créé à Saint-Nazaire.
Récemment, et grâce à Matière vive, j’ai été conviée par Formats, pour une résidence en septembre prochain à Beaucouzé.
Enfin, avant cela, je suis invitée par Laurence Landois à présenter des œuvres lors de l’inauguration d’une galerie d’art à Beslé sur Vilaine en mai.

Matière vive – Portrait d’artiste, Blanche Bonnel — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Vue de l’exposition « (Re)flux, l’infini des marées », aux Ateliers de la Ville en Bois – Crédit : Blanche Bonnel
Matière vive – Portrait d’artiste, Blanche Bonnel — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Vue du vernissage de l’exposition « Régissent ! Le côté obscur de la forme » - partie 2 à l’Open School Galerie, Nantes – Crédit : École des Beaux-Arts de Nantes
Matière vive – Portrait d’artiste, Blanche Bonnel — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Elles partent en fumée, 2024 - Crédit Blanche Bonnel
Matière vive – Portrait d’artiste, Blanche Bonnel — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Certifiés, 2019, Sacs de ciment Sococim usagés, fers à béton – Crédit : École des Beaux-Arts de Nantes
Matière vive – Portrait d’artiste, Blanche Bonnel — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Cinquante par vingt, depuis 2019, plâtre, graines de blé – Crédit : Blanche Bonnel
Matière vive – Portrait d’artiste, Blanche Bonnel — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Photographie recherches et matière, Dakar – Crédit : Blanche Bonnel
Matière vive – Portrait d’artiste, Blanche Bonnel — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Panier en cours – Crédit : Blanche Bonnel
Matière vive – Portrait d’artiste, Blanche Bonnel — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Ancrées, photographie de recherche – Crédit : Blanche Bonnel

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