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Matière vive – Récit de compagnon – Le Rayon Vert

France Dumoulin - Directrice du Rayon Vert - nous raconte son expérience de compagnonnage dans le cadre du dispositif d'accompagnement Matière vive.

14.05.2025

Matière vive – Récit de compagnon – Le Rayon Vert — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Vue jardin - Le Petit Marché de l’Art #32 – Crédit : Le Rayon Vert

→ Matière vive est un parcours expérimental d’accompagnement des artistes professionnel·les ou en voie de professionnalisation, en Pays de la Loire, sur-mesure, par étapes et à la carte, dans une dimension collective et individuelle s’appuyant sur un programme de compagnonnage pensé avec les professionnel·les de la région.
→ Porté par le Pôle arts visuels Pays de la Loire, Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire et s’adresse aux artistes en activité dans le champ des arts visuels et domicilié·es en Pays de la Loire.

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Chaque mois, le Pôle arts visuels Pays de la Loire met en lumière les strutures et acteur·ices qui contribuent au compagnonnage dans le cadre du dispositif Matière vive.

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France, pourriez-vous nous présenter brièvement Le Rayon vert ? Quels sont les axes principaux de vos actions, vos missions et les grandes lignes de votre programmation ?

Lieu de diffusion dans le champ des arts visuels, Le Rayon Vert est une structure associative située sur la butte Sainte-Anne à Nantes. Sa mission est de soutenir la création contemporaine et de faire connaître le travail des artistes au plus grand nombre. L’association réunit 14 membres dans le conseil d’administration, dont 3 personnes en co-présidence dans le bureau, quelques bénévoles supplémentaires et une directrice salariée à temps plein. L’association compte environ 130 adhérent·es et accueille à peu près 10000 visiteur·ses par an.

La programmation s’articule autour de 5 projets par an :
— deux expositions de deux artistes (une exposition au rez-de-chaussée / une exposition au premier étage),
— un format « expo-atelier » (une exposition + l’atelier d’été de l’artiste),
— une exposition solo,
— une édition du Petit Marché de l’Art (75 artistes autour du petit format).

Le Rayon Vert est situé à Nantes, sur la butte Sainte-Anne, un quartier au caractère singulier. Quel est votre lien avec le territoire Nantais et ce quartier en particulier ? Quelles en sont, selon vous, les particularités marquantes ?
Par ailleurs, Le Rayon Vert est un espace d’exposition atypique, installé dans l’ancienne cure de l’église, ce qui lui confère l’atmosphère d’une grande maison. Ce cadre unique apporte à la fois charme et intimité, mais implique sans doute aussi certaines contraintes. Comment ces spécificités influencent-elles votre programmation et le travail des artistes accueilli·es ?

Le Rayon Vert est ancré sur la butte Sainte-Anne depuis 32 ans. Son histoire est très liée au quartier : les fondatrices y vivaient. Le Rayon Vert faisait et fait encore partie des fêtes et dynamiques locales (les Buttineries, La balade des ateliers Chantenay – Sainte-Anne, parfois le printemps des voisins…).

Ancien quartier ouvrier, il y a une trentaine d’années la butte Sainte-Anne était bien plus excentrée, moins accessible en transport en commun et moins touristique. Même s’il y a depuis longtemps le Musée Jules Vernes, le planétarium et la maison de quartier Le Dix, le « passage » du Voyage à Nantes, le jardin extraordinaire, le belvédère, ainsi que l’implantation de nouveaux restaurants et commerces dynamisent autrement le quartier. De plus, les nouvelles lignes de bus permettent un accès plus facile. Et si beaucoup de visiteur·ses vivent dans le quartier, nous accueillons désormais des publics de tous horizons.

Le nom « Le Rayon Vert » adopté par les fondatrices de la galerie est un clin d’œil à Jules Verne. Il s’agit du titre de l’un de ses romans, inspiré par le phénomène optique « le rayon vert ». On retrouve un extrait de ce texte à l’entrée de la maison, près du seau à parapluies, des biscuits et des chocolats.

Le Rayon Vert était initialement situé dans une ancienne épicerie, avant de déménager il y a une vingtaine d’années dans l’ancienne cure de l’église, lieu actuel. C’est un espace atypique, composé d’une maison et d’un jardin. Les gens disent souvent s’y sentir bien. Le parquet, l’escalier qui grince, les moulures, les tomettes, la lumière, l’odeur de café, les cloches… Loin du cube blanc, la proximité du Rayon Vert avec une école, un caviste, et la place de l’église fait de cet espace un véritable lieu de vie. Les enfants savent où y trouver les gourmandises, peuvent dessiner ou jouer dans le jardin pendant que les adultes discutent…

Les espaces du rez-de-chaussée et de l’étage ont des configurations et des caractéristiques très différentes. Ces éléments sont pris en compte au moment des choix de programmation, selon les spécificités du travail et des projets des artistes. Ces dernier·ères pensent ensuite le travail scénographique – avec mon soutien si besoin – en fonction du lieu. Le Rayon Vert attire souvent précisément parce que c’est un lieu singulier. La nécessité de penser l’exposition en accord avec l’espace y est d’autant plus importante. Ses qualités et contraintes doivent rapidement être prises en considération. Si on prend l’exemple des murs, lors de l’accrochage les pointes croisent parfois de la pierre, du plâtre, ou encore du bois… sans oublier parfois l’humidité. Ce n’est pas un lieu qui a été conçu pour l’organisation d’expositions, il est donc nécessaire de s’adapter. Néanmoins son charme prime largement. On s’y attache vite et le travail des artistes y trouve très bien sa place. On compose avec et cela fait naître de très belles idées.

Vous êtes fortement investie dans le dispositif Matière vive, aussi bien en ayant fait partie du comité de sélection qu’à travers le compagnonnage. Qu’est-ce qui a motivé cet engagement de votre part ?

Adhérente et en lien depuis plusieurs années, c’est la relation de confiance que j’ai progressivement établie avec l’équipe qui m’a motivée à me lancer dans l’aventure. Le fait que le Pôle arts visuels pilote cet accompagnement m’a immédiatement donné envie de m’y intéresser et de m’investir. Par ailleurs, c’était aussi pour moi l’occasion de m’engager plus fortement au sein de cette association essentielle, selon mes possibilités et en adéquation avec les spécificités du projet du Rayon Vert. Parallèlement, le Pôle arts visuels a su rapidement informer les différent·es acteurs et actrices de la filière sur ce nouveau dispositif et impliquer collectivement les professionnel·les.

Ensuite, c’est le dispositif lui-même qui m’a convaincue. En tant que directrice d’un lieu de diffusion associatif, je suis au contact des artistes quotidiennement. C’est pourquoi – face à la réalité des besoins exprimés – cet accompagnement semblait extrêmement judicieux, nécessaire et donc bienvenu. Et, sans surprise, il y a eu beaucoup de candidatures. Ayant une bonne connaissance des dossiers des lauréat·es à la suite de ma participation au jury de sélection, j’ai pu réfléchir et construire le programme suffisamment en amont pour inviter certain·es lauréat·es à participer à nos différents projets.

Enfin, la dimension collective du projet représentait un enjeu crucial à mes yeux. Ce type de dispositif est extrêmement fédérateur pour l’ensemble des acteurs et actrices des arts visuels. En effet, cela nous permet de nous rencontrer, de collaborer, et de nous concerter collectivement autour des questions d’accompagnement des artistes sur le territoire. Ainsi, le Pôle arts visuels a organisé des temps forts afin de permettre aux acteurs et actrices de suivre l’actualité du dispositif et de nourrir la dynamique collective. Je pense notamment au point d’étape à mi-parcours qui a eu lieu en janvier. À cette occasion, artistes et professionnel·les ont partagé leurs expériences et communiqué sur les actions réalisées et évènements à venir. Le dispositif Matière vive a été conçu pour être à notre portée. Les intentions ayant été établies et partagées, nous – professionnel·les du territoire – pouvions donc contribuer.

Dans le cadre de Matière vive, vous avez adressé plusieurs propositions aux artistes lauréat·es de Matière vive :
— une invitation groupée dans le cadre du Petit Marché de l’Art organisé en fin d’année 2024,
— des expositions individuelles pour Alice Suret Canale, Jérémy Gouellou et Anna Picco notamment.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ces différents événements et les choix qui ont guidé ces invitations ?

L’invitation au Petit Marché de l’Art permettait de faire une proposition à l’ensemble des lauréat·es, et d’être dans une dynamique collective, l’un des axes fort du dispositif. Ainsi, les lauréat·es pouvaient partager une exposition commune dans un lieu de diffusion tout en rencontrant d’autres artistes avec lesquel·les Le Rayon Vert est en lien. En effet, à chaque édition du Petit Marché de l’Art 75 artistes sont invité·es. C’est un évènement bien identifié durant lequel sont organisées chaque samedi des rencontres publiques, permettant la rencontre avec les visiteur·ses, nombreux·ses au rendez-vous.

Concernant les invitations individuelles, si la relation était déjà établie avec Anna Picco et Alice Suret-Canale, Matière vive a rendu ces propositions d’autant plus évidentes. La rencontre avec Alice Suret-Canale a eu lieu à son arrivée sur le territoire, il y a 2 ou 3 ans. L’envie de collaborer s’est fait ressentir très vite. À la fois parce que son travail est d’une grande qualité, mais aussi car son arrivée est récente sur le territoire, point auquel j’ai été sensible. En tant que lauréate de Matière Vive, il était donc pertinent de l’inviter à ce moment-là.

En ce qui concerne Anna Picco, nous collaborions déjà puisqu’elle a réalisé sa première exposition individuelle en région au Rayon Vert au printemps 2022. Habitante du quartier, elle souhaite expérimenter – entres autres – le grand format et n’a actuellement plus d’atelier. C’est pourquoi le format « expo-atelier » semblait idéal puisqu’il permet à l’artiste d’installer son atelier d’été dans l’espace du Rayon Vert parallèlement à une exposition. De nouveau, l’invitation semblait opportune.

Enfin, c’est dans le cadre du jury de sélection que j’ai découvert le « jeune » travail artistique de Jérémy Gouellou, également habitant du quartier. J’ai pu ensuite le rencontrer dans son atelier et cette entrevue n’a fait que confirmer l’envie de collaborer. Dans un premier temps, il a participé au Petit Marché de l’Art, occasion durant laquelle il s’est rendu disponible pour les moments d’échanges. Puis, j’ai pu lui proposer un projet d’exposition individuelle. Celle-ci a lieu en ce moment et jusqu’au 15 juin 2025. En outre, Alice Suret-Canale et Jérémy Gouellou ont été invité·es volontairement en même temps que des artistes ne faisant pas partie du dispositif afin de favoriser les rencontres et de croiser les réseaux.

Selon vous, en quoi l’accompagnement des artistes dans le cadre de Matière Vive contribue-t-il à structurer le secteur des arts visuels et à professionnaliser l’ensemble de ses acteurs et actrices ? Plus concrètement, qu’apporte ce dispositif à une structure comme la vôtre ?

Ce dispositif est très précieux. Il participe pleinement à la mise en réseau, à l’interconnaissance et à la structuration. Il y a tout d’abord un réel besoin d’accompagnement des artistes, mais aussi de certaines structures. C’est tout le travail qu’a effectué le Pôle arts visuels pour la filière ces dernières années.

Les caractéristiques de ce dispositif et l’attention portée aux parcours « atypiques », à l’âge, ou encore la situation géographique, associées aux compétences et actions du Pôle arts visuels permettent de nombreuses rencontres entre l’ensemble des professionnel·les de la filière : artistes, structures de diffusion de toutes les échelles, indépendant·es, collectivités… Une fois identifié·es, les acteurs et actrices du secteur peuvent interagir, collaborer, partager leurs expériences, et ce sans hiérarchie. Le Rayon Vert joue un rôle d’espace tremplin et de soutien auprès d’artistes qui se trouvent à un tournant dans leurs parcours. C’est également l’une des spécificités de ce dispositif.

En tant que micro-structure associative, pour réaliser ses missions Le Rayon Vert fonctionne grâce à la collaboration entre les artistes, une salariée et des bénévoles, sans oublier les partenaires des collectivités, et plus largement les adhérent·es, les visiteur·ses, les acquéreur·ses. En outre, c’est aussi grâce à son activité hors les murs et aux dynamiques souvent impulsées et portées par le Pôle arts visuels que Le Rayon Vert peut aujourd’hui trouver son équilibre et évoluer, être en lien et travailler en collectif.

J’ai saisi le dispositif Matière vive comme un outil réunissant de nombreuses qualités, et comme une opportunité pour Le Rayon Vert d’être impliqué et considéré au sein du réseau territorial. Cela a été rendu possible grâce à l’appui du Pôle arts visuels qui pilote ce dispositif à une échelle cohérente et de manière accessible.

L’accompagnement proposé par Matière Vive participe-t-il, selon vous, à repenser les dynamiques de réseau et de coopération entre les structures dédiées aux arts visuels en région ?
Par exemple, vous accueillez actuellement Alice Suret-Canale au Rayon Vert, et son travail sera également présenté cet été à l’Abbaye de Saint-Florent-le-Vieil, puis à l’automne au MAT — Centre d’art contemporain du Pays d’Ancenis. Comment avez-vous construit ces collaborations avec ces structures ? Quelles modalités de travail mettez-vous en place pour favoriser la circulation des artistes et des œuvres sur le territoire ligérien et renforcer les synergies entre acteurs et actrices culturel·les ?

Comme évoqué précédemment, ce dispositif dynamise et permet de nombreuses interactions et
rencontres, ici plus particulièrement autour de 15 artistes. C’est dans ce contexte qu’Alice Suret-Canale a été invitée dans trois lieux, dont Le Rayon Vert, à des périodes successives cette année 2025. C’est pourquoi nous nous sommes réunies – avec Isabelle Tellier (Le MAT, Ancenis), Bénédicte Chotard (Abbaye de Saint-Florent-le-Vieil) et Alice Suret-Canale – afin d’envisager une manière de travailler ensemble et de nous rejoindre autour du projet de l’artiste. C’est ainsi que nous avons choisi d’harmoniser nos communications afin de faciliter la circulation d’un lieu à l’autre pour nos publics. Nous avons également un chapeau commun sur le dispositif Matière vive et mentionnons le travail du Pôle arts visuels. Pour finir, nous organisons des visites professionnelles sur les différents sites. En nous déplaçant et nous mobilisant collectivement, nous parvenons à la fois à faire du lien autour du travail d’Alice Suret-Canale, à en poursuivre la diffusion, et plus largement à valoriser la circulation sur le territoire ainsi que les liens entre acteurs et actrices. Il s’agit également d’un temps privilégié dans les différentes structures, lequel permet de mieux se connaître et de poursuivre les échanges, d’appréhender d’autres fonctionnements et de créer de nouvelles passerelles.

Matière vive – Récit de compagnon – Le Rayon Vert — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Inauguration exposition Le Petit Marché de l’Art #32 (75 artistes) – Crédit : Le Rayon Vert
Matière vive – Récit de compagnon – Le Rayon Vert — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Le Petit Marché de l’Art #32 – Œuvres de 75 artistes, vue de l’exposition – Crédit : Le Rayon Vert
Matière vive – Récit de compagnon – Le Rayon Vert — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Inauguration exposition Le Petit Marché de l’Art #32 (75 artistes) – Crédit : Le Rayon Vert
Matière vive – Récit de compagnon – Le Rayon Vert — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Vue exposition « Humides », œuvres d’Alice Suret-Canale – Crédit : Le Rayon Vert
Matière vive – Récit de compagnon – Le Rayon Vert — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Vue jardin, dessin de Delphine Vaute – Crédit : Le Rayon Vert
Matière vive – Récit de compagnon – Le Rayon Vert — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Vue exposition « Pas loin », œuvres de Jérémy Gouellou – Crédit : Le Rayon Vert

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