Julie Maquet

Cet élégant livret à reliure en spirale fait suite à la résidence menée par Julie Maquet à la Casa Velásquez de Madrid de septembre à décembre 2022. Entre le carnet de croquis et le cahier d’écolier, l’ouvrage rend compte du processus de création qui a conduit à la réalisation de grands dessins aux couleurs vives. Les nombreuses photographies qui le composent racontent les stades d’apparition de l’œuvre. Aux gros plans qui concentrent l’attention sur les gestes de l’artiste et les tracés de feutres aux dégradés flamboyants succèdent des vues fragmentaires des feuilles en cours d’installation, suspendues, enroulées tels des parchemins ou chutant de tables d’appoint. Progressivement, les images font apparaître le corps de Julie Maquet manipulant les laies de papier, mais surtout englobée dans cet environnement plastique en perpétuelle évolution. Au centre de l’ouvrage, le texte de la critique d’art Marie Frampier apparaît dans les espaces du dessin laissés en réserve, comme une respiration. Imprimé dans un dégradé de bleu au rouge, la notule, qui mériterait d’être développée, exprime ce que les clichés ne laissent que deviner : le temps d’exécution, rapide, saccadé, automatique, jusqu’à épuisement du marqueur et de la main, qui fait de l’acte de dessiner une pratique de méditation. « Julie Maquet compare ses pérégrinations dans la ville madrilène et la découverte de son tissu urbain […] au cheminement de sa main sur la feuille », écrit l’autrice. Gageons que ces pas, saisis dans la dernière image, la conduiront vers de nouveaux arpentages.

Ilan Michel