→ Matière vive est un parcours expérimental d’accompagnement des artistes professionnel·les ou en voie de professionnalisation, en Pays de la Loire, sur-mesure, par étapes et à la carte, dans une dimension collective et individuelle s’appuyant sur un programme de compagnonnage pensé avec les professionnel·les de la région.
→ Porté par le Pôle arts visuels Pays de la Loire, Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire et s’adresse aux artistes en activité dans le champ des arts visuels et domicilié·es en Pays de la Loire.
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Chaque mois, le Pôle arts visuels Pays de la Loire met en lumière les lauréat·es sélectionné·es dans le cadre du dispositif Matière vive.
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Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Anna Picco et je suis dessinatrice. Je vis et travaille à Nantes depuis 2020. Auparavant je vivais à Rennes. Le dessin m’accompagne depuis toujours. J’ai débuté mon parcours artistique aux Beaux-Arts de Rennes, où j’ai étudié cinq ans jusqu’à l’obtention de mon DNSEP.
Un séjour Erasmus de quatre mois à l’Académie Royale de Bruxelles a représenté une étape importante de mon parcours. En effet, ce séjour m’a conforté dans mon attachement à la pratique du dessin et m’a permis de travailler assidument ma technique. Cette expérience m’a procuré un cadre essentiel tout en me donnant des possibilités inépuisables pour toujours mieux le transgresser, l’ouvrir et pouvoir encore aujourd’hui explorer et expérimenter de nouvelles possibilités formelles.
En tant qu’artiste, peux-tu présenter ton parcours professionnel ?
Après mes études aux Beaux-Arts et malgré les obstacles, les difficultés pratiques et matérielles rencontrées, je n’ai jamais cessé de dessiner et de poursuivre mon projet de création. Après plusieurs années passées à Rennes, ma venue à Nantes a représenté un changement salvateur. Une première exposition personnelle sur le territoire nantais, en avril 2022 au Rayon Vert – dans le quartier où je m’étais installée – a été un moment riche et important. Cette exposition m’a permis de commencer à appréhender le territoire artistique local. En janvier 2023 j’ai également bénéficié d’un atelier d’artiste à Saint-Nazaire, aux Ateliers du Château d’eau. J’ai alors découvert un territoire passionnant et inspirant. Malheureusement le lieu a fermé ses portes en décembre 2024.
Comment se construit ta pratique personnelle ?
J’ai une pratique de dessin avec une prédilection pour le grand format. Mon dessin est souvent hanté par le passé, la mémoire mais il est toujours habité d’une dimension dialectique où l’imaginaire, l’enfance, les révoltes passées, l’humour, l’absurde constituent et deviennent contre-pouvoir.
J’aspire toujours à questionner le dessin, à l’explorer en laissant une forte place à l’intuition et à l’imprévu. J’ai le désir de poursuivre le travail de grands formats et le dessin « in situ » mais aussi d’explorer d’autres supports et formats comme le dessin d’animation, expérimenter également de manière plus approfondie la couleur et la peinture.
L’urgence de retrouver un atelier s’impose donc aujourd’hui car celui-ci est vraiment au cœur de mon processus de création. Ces derniers temps je dessine principalement au fusain, c’est un médium que j’affectionne. Il y a quelque chose de fort dans l’économie de moyen qu’il représente, dans sa simplicité d’utilisation, son dépouillement. Il est à la fois magique et ancestral car ce n’est qu’un bout de charbon de bois que j’utilise principalement en bâton. Il me permet également de créer un rapport très physique et charnel au papier.
Peux-tu nous parler d’une résidence marquante / d’une exposition passée ?
Deux évènements importants ont jalonné ce premier semestre 2024. D’une part il y a eu la résidence très marquante effectuée à la Casa de Velázquez de Madrid avec la bourse et le soutien du département de Loire-Atlantique. Celle-ci a duré trois mois, de septembre à décembre 2024. Il s’agissait d’une opportunité unique à un moment charnière de mon parcours. Pour la première fois, les conditions matérielles favorables m’ont permis une immersion totale et exclusive dans ma pratique. Cela m’apparait encore aujourd’hui comme très précieux. J’ai pu à la fois me consacrer au dessin dans le repli d’un grand atelier partagé tout en bénéficiant d’une ouverture sur la ville de Madrid, dans un pays porteur d’une tradition artistique puissante et marquée par son Histoire, ses luttes politiques et sociales. J’ai ainsi pu initier mon projet de création au long cours sur le rôle déterminant des femmes anarchistes espagnoles durant la révolution sociale de 1936.
D’autre part, avec le compagnonnage Matière vive, j’ai eu l’opportunité de participer à la troisième édition de Rendez-vous demain. Ce programme, organisé par le Grand Café, permettait un temps de présentation de son travail et d’échanges avec des professionnel·les hors région. Cette expérience a été très stimulante et enrichissante tant dans son déroulé que dans sa préparation en amont avec l’équipe du Grand Café.
Comment as-tu connu le dispositif Matière vive ? Et pourquoi as-tu souhaité être accompagné·e dans le cadre de ce parcours d’accompagnement ?
En tant qu’adhérente du Pôle arts visuels j’ai pu prendre connaissance de l’appel à candidature du dispositif Matière vive dès sa première publication. Alors nouvellement installée sur le territoire, ce dispositif d’accompagnement m’est apparu comme une véritable opportunité, celle d’un enrichissement tant professionnel qu’humain et d’un soutien réel dans la poursuite de mon parcours.
Suite à ces premiers mois au sein du parcours d’accompagnement Matière vive, peux-tu nous dire quels ont été les effets sur ton parcours professionnel ? Que retiens-tu des différentes étapes et rencontres du dispositif ?
Après un an au sein du dispositif Matière vive, je peux dire que celui-ci répond totalement aux attentes formulées précédemment. Il a été conçu et construit par l’équipe du Pôle arts visuels de manière subtile en incluant tous les aspects de la profession. Il nous transmet – dans une dynamique collective et individuelle – des connaissances précises et indispensables sur notre statut d’artiste et sa professionnalisation. Il nous permet également d’entrer en contact avec les acteurs et actrices ainsi que les institutions culturelles des Pays de la Loire. J’ai ainsi eu l’opportunité de faire plusieurs rencontres, ce qui a donné lieu à des échanges riches et constructifs. Tout cela m’apporte courage et stimulation dans la poursuite de ma création. Je remercie sincèrement Mélaine et l’équipe du Pôle arts visuels d’avoir permis cela.
Comment le travail en groupe nourrit-il ton parcours d’accompagnement ?
La diversité des parcours et des personnalités nourrit de manière riche et singulière notre groupe. Il y a une très belle énergie qui donne plaisir à se retrouver régulièrement pour les sessions collectives. J’apprends au fil des mois à mieux connaître les artistes et le partage d’expériences ainsi que les nombreux échanges rendent possible le collectif dans un contexte particulièrement instable.
As-tu quelques actualités à nous partager ?
Du 3 juillet au 23 août 2025 je serai en résidence-exposition au Rayon Vert : « Les jeux sont interdits dans le labyrinthe ». À cette occasion, le 3 juillet aura lieu le lancement du n°11 de la revue A2 conçu sur l’invitation de Laurence Landois et Christophe Cesbron.
Du 12 novembre au 13 décembre 2025 se tiendra l’exposition de restitution de ma résidence à la Casa de Velázquez sur les femmes anarchistes espagnoles à la Galerie Open School de l’École des Beaux-Arts de Nantes.
En outre, j’ai obtenu une bourse d’aide à la création de la ville de Saint-Nazaire afin d’amorcer un travail de recherche in situ et de création autour de la mémoire des luttes ouvrières à Saint-Nazaire.
Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire