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Matière vive – Portrait d’artiste, Karine van Ameringen

07.06.2025

Matière vive – Portrait d’artiste, Karine van Ameringen — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Portrait Karine van Ameringen – Crédit : Céline Jacq et Nathalie Champagne

→ Matière vive est un parcours expérimental d’accompagnement des artistes professionnel·les ou en voie de professionnalisation, en Pays de la Loire, sur-mesure, par étapes et à la carte, dans une dimension collective et individuelle s’appuyant sur un programme de compagnonnage pensé avec les professionnel·les de la région.
→ Porté par le Pôle arts visuels Pays de la Loire, Matière vive est soutenu par la Fondation de France et la Région Pays de la Loire et s’adresse aux artistes en activité dans le champ des arts visuels et domicilié·es en Pays de la Loire.

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Chaque mois, le Pôle arts visuels Pays de la Loire met en lumière les lauréat·es sélectionné·es dans le cadre du dispositif Matière vive.

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Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Karine van Ameringen, j’ai grandi au Québec, dans un bungalow de la banlieue montréalaise. J’ai une mère québécoise, un père né au Maroc – qui a quitté les Pays-Bas pour s’installer au Québec –, un grand-père néerlandais, une grand-mère catalane et des enfants français. Depuis peu, je vis avec ma famille dans la ville de Clisson. L’histoire semble se répéter, car je rejoue ce que mon père a vécu, mais inversement : cette fois-ci, sur ses terres originelles.

Je suis cinéaste documentaire depuis vingt ans. J’ai parcouru toutes sortes de territoires, à la fois géographiques et intimes, à la recherche de sens, en choisissant d’écouter la parole des un·es et le silence des autres. Ce mode de vie a participé à la construction de mon identité et a profondément transformé mon regard sur le monde.

Aujourd’hui, je poursuis cette envie de raconter la vie, mais en effectuant des recherches centrées sur l’image fixe, à l’aide de l’appareil photo.

En tant qu’artiste, peux-tu présenter ton parcours professionnel ?

Après m’être formée en art numérique à l’école d’art Emily Carr Institute of Art and Design de Vancouver, ainsi qu’à l’Université du Québec à Montréal, je plonge dans l’univers du cinéma documentaire.
À l’époque, une anthropologue me demande de l’accompagner pour documenter ses recherches sur le tourisme ethnique chez les Mayas Lacandons de Nahá, située dans l’État du Chiapas, au Mexique. Caméra au poing, avec mon amie cinéaste Iphigénie Marcoux-Fortier, je traverse les États-Unis dans une voiture en décomposition pour rejoindre cette anthropologue dans la jungle lacandone. J’y reste quelques mois et y apprends énormément de choses, dont les bases de ma pratique documentaire.

Cette expérience fondatrice est à l’origine de Les Glaneuses, la boîte de production que je cofonde avec Iphigénie et au sein de laquelle je réalise, filme et monte les films que je produis.
Au fil des années, plusieurs autres expériences en terres autochtones m’invitent à repenser ma façon de faire du documentaire et participent à l’amorce d’une réflexion sur la décolonisation de ma pratique. Cela m’incite à graduellement interroger ma propre légitimité à raconter les histoires des autres.

Puis, mon immigration en France et la naissance de mes enfants viennent infléchir ma trajectoire artistique, et je décide de retourner la lentille vers moi.

Comment se construit ta pratique personnelle ?

Mon travail photographique se construit à partir de mes propres expériences intimes. Je m’intéresse aux petites choses banales, qui n’ont a priori aucun intérêt, et que je tente de mettre en récit.  Notre façon de raconter est dessinée la plupart du temps par le héros, dont la quête bien précise se heurte à des conflits. Je cherche à dépasser ces formes narratives traditionnelles en mettant en image des histoires quotidiennes dont l’objectif n’a pas de finalité, sinon la poursuite d’un processus. Je suis poussée par cette envie de raconter la vie dans le désordre, par fragments, pour donner à voir un tout irrésolu, flottant.  La mise en récit à travers la photographie, qui peut aussi s’organiser dans l’espace, m’interpelle d’autant plus que j’ai travaillé plusieurs années dans une forme de linéarité avec le cinéma.  Les questions de filiation, de genre et d’exil traversent l’ensemble de mes créations.

Mes recettes sont souvent élaborées à partir d’improvisations avec le réel. Elles contiennent une bonne part de doute, une dose d’autodérision et quelques pincées de fulgurance. Chaque projet découle d’une intuition ou d’une fissure, que je m’efforce de partager à travers un exercice de mise en scène. La lecture, la musique et le cinéma accompagnent mes recherches. J’écris aussi. Dans le train, entre deux lessives, dans ces moments suspendus du quotidien qui m’appartiennent un peu, je prends mon téléphone et j’écris. Des pensées, des idées, un peu de poésie. De mes poèmes surgissent parfois des photos. Travaillant le plus souvent en solitaire, je construis mes autoportraits par essais-erreurs, en naviguant entre l’avant et l’arrière de l’appareil photo. L’envie de toucher la matière guide mes recherches plastiques récentes vers la manipulation de photos que je déchire, colle ou couds. Mes paysages non figuratifs, je les construis par couches, en superposant des bribes d’images avec l’aide d’outils numériques. La couleur accompagne et influence la construction de mon travail, qu’il soit figuratif ou abstrait.

Peux-tu nous parler d’une résidence marquante / d’une exposition passée ?

Matière vive facilite les rencontres et génère des opportunités. Ces derniers mois, nous avons eu l’occasion de faire la connaissance de plusieurs acteur·ices du monde de l’art. Lucie Plessis, responsable des arts visuels ainsi que des galeries 5 et Dityvon à l’Université d’Angers, rencontrée dans le cadre d’une lecture de portfolio, m’a invitée à exposer mon travail avec cinq autres artistes dans la galerie éphémère Satellite qu’elle a créée avec Daniel Habasque.
Cette exposition, qui s’est terminée récemment, m’a permis de montrer mon travail à un public varié et de faire des rencontres marquantes.

Comment as-tu connu le dispositif Matière vive ? Et pourquoi as-tu souhaité être accompagné·e dans le cadre de ce parcours d’accompagnement ?

Comme je suis installée en France depuis peu et que mon désir de poursuivre un travail sur l’image fixe est assez récent, je ressentais le besoin d’être entourée. Le dispositif m’est apparu comme la formule idéale pour m’aider à déployer mon activité artistique ici. Je me considère très privilégiée de faire partie de cette première mouture de Matière vive.

Suite à ces premiers mois au sein du parcours d’accompagnement Matière vive, peux-tu nous dire quels ont été les effets sur ton parcours professionnel ? Que retiens-tu des différentes étapes et rencontres du dispositif ?

Matière vive a été une véritable bouffée d’oxygène dans mon parcours d’artiste en pleine installation dans un nouveau pays. Les différentes initiatives mises en place dans le cadre de ce programme m’ont permis de mieux comprendre l’écosystème des arts visuels local. Je suis beaucoup plus outillée aujourd’hui que je ne l’étais il y a un an. Matière vive a joué un rôle déterminant dans l’accélération du déploiement de mon activité artistique.

L’équipe du Pôle arts visuels accompagne les artistes avec beaucoup de générosité. Je remercie particulièrement Mélaine Rouger pour son accompagnement à la fois sensible et rigoureux. Les coupes infligées par la Région sabrent un travail intelligemment mis en place depuis plusieurs années et qui répond à un réel besoin.

Comment le travail en groupe nourrit-il ton parcours d’accompagnement ?

En parallèle de Matière vive, je me suis installée au Séchoir du Liveau à Gorges, où j’occupe un atelier avec plusieurs autres artistes. Je travaille quotidiennement entourée de créateur·rices qui m’inspirent, avec qui je peux partager mes doutes, mes joies et avec qui je collabore parfois. Ça m’aide à me sentir moins seule.

De la même manière, un réel esprit de solidarité et de partage s’est tissé entre les membres du groupe Matière vive. Malgré la différence de nos parcours professionnels, la curiosité et le respect teintent nos échanges.

As-tu quelques actualités à nous partager ?

Du 13 au 19 juin au Grand Huit, se tiendra l’exposition Poétiques de la lutte des lauréat·es de Matière vive, commissariée par Sandra Doublet.
Du 11 octobre au 22 novembre, j’exposerai ma série Un espace à soi à la Galerie Mostra, à Nantes.
Le collectif d’artistes Papier sensible, dont je fais partie, actuellement installé au Séchoir du Liveau à Gorges est à la recherche d’un nouveau lieu. Notre espace de travail étant repris par l’agglomération à d’autres fins, nous devrons le quitter en août 2025. Merci de nous contacter si vous avez vent d’un espace pouvant nous accueillir. 

Matière vive – Portrait d’artiste, Karine van Ameringen — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Intrication 6, impression pigmentaire sur papier d’art et coton perlé, 2024 - Crédit : Karine van Ameringen
Matière vive – Portrait d’artiste, Karine van Ameringen — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Vapes 11, impression pigmentaire sur papier d’art, 2025 - Crédit : Karine van Ameringen
Matière vive – Portrait d’artiste, Karine van Ameringen — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Intrication 4, impression pigmentaire sur papier d’art, 2024 - Crédit : Karine van Ameringen
Matière vive – Portrait d’artiste, Karine van Ameringen — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Nos corps 6, impression pigmentaire sur papier d’art, 2024 - Crédit : Karine van Ameringen
Matière vive – Portrait d’artiste, Karine van Ameringen — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Nos corps, impression pigmentaire sur papier d’art, 2023 - Crédit : Karine van Ameringen
Matière vive – Portrait d’artiste, Karine van Ameringen — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Vapes 3, impression pigmentaire sur papier d’art, 2023 - Crédit : Karine van Ameringen
Matière vive – Portrait d’artiste, Karine van Ameringen — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Leur corps, impression pigmentaire sur papier d’art, 2023 - Crédit : Karine van Ameringen
Matière vive – Portrait d’artiste, Karine van Ameringen — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Mon corps, impression pigmentaire sur papier d’art, 2023 - Crédit : Karine van Ameringen
Matière vive – Portrait d’artiste, Karine van Ameringen — Pôle Arts Visuels Pays de la Loire
Vapes 7, impression pigmentaire sur papier d’art, 2024 - Crédit : Karine van Ameringen

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